La consommation régulière de cannabis concerne 9 % des jeunes de 17 ans et environ 1 % des adultes. Les consommateurs de cannabis dépendants présentent des complications spécifiques, d'autant plus importants que la consommation dure (lire encadré).
«Le sevrage au cannabis chez un consommateur dépendant entraîne des troubles du sommeil, une irritabilité, une humeur dysphorique et un craving intense, qui atteignent un pic maximal entre les troisièmes et septièmes jours, avant de disparaître en trois à quatre semaines», indique le Pr Alain Dervaux (CHU Amiens). Puisque les consommateurs de cannabis sous-estiment volontiers leur consommation concomitante de tabac, se sevrer est encore plus compliqué pour eux, à moins de recourir aux substituts nicotiniques : faute de quoi, s'ajoutent des symptômes de manque tabagique, qu'ils attribuent à tort au cannabis. Ils peuvent aussi consommer de l'alcool de façon excessive et, de plus en plus, des cannabinoïdes de synthèse, tels que le «spice» ou le «K2», indétectables dans les analyses toxicologiques habituelles, mais qui ont une affinité plus importante avec les récepteurs cannabinoïdes cérébraux.
Comorbidités et TCC
«Il n'existe pas de médicament spécifique du sevrage cannabique, mais des expérimentations portent sur le N-acétylcystéine, la gabapentine et le topiramate. En attendant, la prise en charge repose sur les entretiens motivationnels et les thérapies cognitives et comportementales. Tenir un agenda de consommation — en précisant dans quelles circonstances et dans quel état d'esprit a lieu la consommation — peut aider à trouver des alternatives. Des sites tels que stop-cannabis.ch, avec un forum géré par un psychologue, ont aussi leur intérêt. Enfin, les comorbidités psychiatriques doivent être traitées», conclut le Pr Dervaux.
Entretien avec le Pr Alain Dervaux, service de psychiatrie et d'addictologie du CHU d'Amiens
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