1. Le premier réflexe : le dépistage
Suite à l’interrogatoire, étape initiale primordiale qui permet d’évaluer l’intervalle entre l’ingestion et les symptômes, il faut :
• si le délai est inférieur à deux heures, programmer un test de dépistage de l’allergie alimentaire de type Trophatop®. Son interprétation est fiable à 91 % chez l’enfant de moins de 6 ans et à 82 % chez l’enfant plus âgé. Il faut également tenir compte de la nature des allergènes alimentaires incriminés en fonction de l’âge ;
• si l’œdème ou l’urticaire ont tendance à apparaître plusieurs heures après, voire le lendemain matin d’un repas suspect, un carnet alimentaire y sera associé sur plusieurs jours. L’allergie immédiate IgE-dépendante est peu probable, il faut plutôt s’orienter vers une histaminolibération non spécifique ou vers une autre cause qu’un aliment.
2. Le dosage des IgE spécifiques
Les tests cutanés et, particulièrement, le test de provocation orale restent les éléments essentiels du diagnostic. Ils ne sont pas toujours réalisables dans l’instant, surtout en cas de choc anaphylactique (délai entre le bilan allergologique et le choc : au moins 4 semaines). Le dosage d’IgE spécifiques peut se révéler utile, mais, attention ! Il ne doit pas être associé à un dosage d’IgE totales ou à un test de dépistage ( cf. fiche 5). Il est indiqué en cas de répétitivité de symptômes à chaque ingestion ou en cas de positivité du test de dépistage. Son interprétation doit toujours être corrélée avec l’histoire clinique afin d’éviter tout diagnostic erroné et un régime d’exclusion inadapté. Le médecin généraliste et le pédiatre auront ainsi, par exemple, la possibilité de doser facilement chez l’enfant les IgE spécifiques des allergènes alimentaires principaux :
• pour le lait, la prescription comporte les principales protéines : bêta-lactalbumine, caséine et alpha-lactalbumine ;
• pour l’œuf, un taux de 7 kU/L pour le dosage IgE blanc d’œuf signe à 95 % une allergie à l’œuf. Le bilan peut être ensuite complété du dosage plus spécifique de l’ovomucoïde ( thermostable) et de l’ovalbumine ( thermosensible) pour envisager ensuite la possibilité de consommation d’œuf cuit ou cru. Cette décision revient cependant à l’allergologue après un bilan plus précis associé parfois à un test de provocation orale ;
• pour l’arachide, le dosage classique d’IgE spécifiques peut être utile pour le diagnostic initial. Les dosages des allergènes moléculaires restent, eux, réservés aux allergologues du fait de leur diversité et de la difficulté d’interprétation ;
• en France, l’allergie aux fruits à coque se situe en quatrième place des allergies les plus fréquentes chez l’enfant jusqu’à 15 ans, la noix de cajou étant responsable des tableaux les plus sévères. Et, chez les adultes, elle représente 15 % des allergies alimentaires avec la noisette en tête de liste par allergie croisée avec le pollen de bouleau.
3. Le régime d’éviction en test d’épreuve
Il trouve son indication essentiellement en cas de suspicion d’allergie immédiate ou retardée aux protéines de lait de vache avec mise en place d’une substitution par un lait adapté ( hydrolysat de protéines, etc.). Ce régime d’éviction d’épreuve est plus fiable que les tests cutanés en patch mis à disposition surtout en cas d’allergie retardée. Il faut également garder à l’idée que 10 % des enfants allergiques aux protéines du lait de vache ne tolèrent pas les préparations à base d’hydrolysats de protéines. Cette hypothèse est étayée dans ce cas par la persistance de symptômes digestifs malgré un changement de lait. Une suspicion d’allergie aux hydrolysats doit être évoqué et conduit à la mise en place de lait à base d’acides aminés.
À retenir
• Ne jamais sous-estimer un risque de choc anaphylactique par allergie alimentaire chez l’enfant. En 2012, lors du congrès de l’EAACI ( European Academy of Allergy and Clinical Immunology), la sonnette d’alarme a été tirée puisqu’un tiers des chocs allergiques de l’enfant se déroulent pour la première fois à l’école et que, en dix ans, le nombre d’hospitalisations a été multiplié par sept.
• Le diagnostic d’une allergie alimentaire repose sur la réalisation de tests cutanés et d’un test de provocation orale. Les IgE spécifiques ont leur place dans ce bilan et doivent toujours être interprétés en fonction du contexte clinique.
• La rédaction d’un carnet alimentaire constitue toujours une aide précieuse pour le bilan ainsi que la composition des plats ingérés (conseiller au patient ou aux parents de garder précieusement les étiquettes et le menu précédant l’épisode allergique).
• Ne jamais sous-estimer un risque de choc anaphylactique par allergie alimentaire chez l’enfant. En 2012, lors du congrès de l’EAACI ( European Academy of Allergy and Clinical Immunology), la sonnette d’alarme a été tirée puisqu’un tiers des chocs allergiques de l’enfant se déroulent pour la première fois à l’école et que, en dix ans, le nombre d’hospitalisations a été multiplié par sept.
• Le diagnostic d’une allergie alimentaire repose sur la réalisation de tests cutanés et d’un test de provocation orale. Les IgE spécifiques ont leur place dans ce bilan et doivent toujours être interprétés en fonction du contexte clinique.
• La rédaction d’un carnet alimentaire constitue toujours une aide précieuse pour le bilan ainsi que la composition des plats ingérés (conseiller au patient ou aux parents de garder précieusement les étiquettes et le menu précédant l’épisode allergique).
Dr Catherine Quéquet
Allergologue
Bibliographie
Rancé F et coll. Allergie alimentaire à l’œuf de poule chez l’enfant. Revue Française d’Allergologie 2010 ; 50 ( Suppl. 2) : 41-5.
Moneret-Vautrin DA et coll. Les allergies alimentaires de l’enfant et de l’adulte. Éditions Masson, Paris, 2006.
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