UNE PAIRE de lunettes de soleil cachant ses yeux, cette patiente est assise en salle d’attente. Dans le bureau du médecin, elle les retire, laissant apparaître un œdème palpébral bilatéral prédominant à gauche avec un érythème cutané faisant évoquer un eczéma de contact. La patiente se plaint d’un prurit intense. Ses paupières ont cet aspect depuis quinze jours.
Par un interrogatoire précis, l’allergologue recherche un facteur déclenchant, notamment la nature des cosmétiques utilisés quotidiennement : démaquillant, crème de jour, fond de teint, ombre à paupière, mascara. Une possible allergie par contact manuportée avec le vernis à ongles ou une crème pour les mains est également évoquée ainsi qu’une éventuelle cause professionnelle. À l’époque, la patiente n’utilise aucun produit sur les mains et est en congé.
Œil gauche, main gauche.
Le bilan allergologique s’oriente alors vers les produits utilisés sur le visage. Elle les applique avec la main gauche d’où la prédominance des lésions sur la paupière supérieure gauche. Après prescription d’un traitement local, les patch-tests avec la batterie standard européenne, les conservateurs ainsi que les produits utilisés sont effectués ; ils sont négatifs après quarante-huit et soixante-douze heures. Il est lui alors demandé de réaliser des ROAT (tests d’applications répétées) chez elle avec ses cosmétiques tout en arrêtant, bien sûr, l’utilisation sur le visage. Chez cette patiente, le mascara apparaîtra être le seul produit incriminable. L’information auprès du fabricant permet de connaître la composition du produit et, si possible, de faire des tests avec les différents composants qu’il accepte de fournir afin de permettre, dans un deuxième temps, une éventuelle déclaration de cosmétovigilance. Dans ce cas précis, la patiente trop contente d’avoir trouvé l’origine de son problème n’a pas compris l’intérêt de poursuivre le bilan…
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