Des mentalités qui évoluent
En 1998, des publications permettent de fixer à 1,2 µg d’ovalbumine par ml de vaccin, la concentration permettant de diminuer significativement le risque de réaction allergique chez les allergiques vrais à l’œuf. Les injections en une dose unique sont alors envisagées plus sereinement. Actuellement, la plupart des vaccins antigrippaux comportent cette concentration d’ovalbumine.
Lors de l’épidémie de grippe H1N1 en 2009, la crainte et les idées reçues refont surface et obligent la Société française d’allergologie à publier un communiqué de presse sur l’attitude à envisager. Il stipule : « D’infimes traces de protéines d’œuf sont donc susceptibles d’être contenues dans les vaccins. Dans la grande majorité des cas, ces traces ne sont pas suffisantes pour provoquer des réactions anaphylactiques chez les personnes allergiques à l’œuf, sauf en cas d’allergie très sévère ». Persistaient toutefois des recommandations vis-à-vis « des personnes dont l’allergie à l’œuf est avérée (antécédent de réactions allergiques sévères incluant le choc anaphylactique) des précautions particulières consistant en la pratique de la vaccination en milieu hospitalier, permettant - le cas échéant - la recherche d’une sensibilisation vis-à-vis du vaccin et une prise en charge médicale d’urgence adaptée, si nécessaire ».
De nombreuses études publiées depuis ont encore fait évoluer les mentalités. L’American Academy of Allergy Asthma and Immunology préconise cinq injections par vaccination chez les allergiques à l’œuf pour revenir, en 2010, sur ses recommandations en autorisant la vaccination en une ou deux injections sans tests préalables chez les sujets allergiques à l’œuf.
Dernièrement en août 2011, aux États-Unis, le National Institute of Allergy and Infectious Diseases, signale que, selon des études récentes, la vaccination grippale peut être délivrée sans risque à toute personne ayant une allergie à l’œuf même avec des antécédents de choc anaphylactique. En France, actuellement, les mentions légales retenues dans le Vidal, sèment le trouble, l’allergie à l’œuf restant pour l’instant considérée comme une contre indication.
Surveiller sans pénaliser
En ce qui concerne les vaccins rougeole, oreillons, rubéole, certaines réactions IgE-dépendante observées sont plutôt en rapport avec une allergie à la gélatine ou la néomycine qu’ils contiennent. Les précautions pour la vaccination sont donc réservées à ces cas précis et non plus aux allergiques à l’œuf.
Le vaccin contre la fièvre jaune contient également de la gélatine bovine ou porcine mais, pour l’instant, quelques restrictions chez l’allergique à l’œuf en cas de vaccination persistent : un prick test et une intradermo du vaccin dilué au 1/100e sont nécessaires avant toute vaccination. En cas de positivité à ce test, la possibilité d’une vaccination en trois injections est proposée sous surveillance médicale stricte. En ce qui concerne le vaccin de l’encéphalite à tiques, les mêmes précautions sont préconisées en raison de l’absence d’information sur sa teneur en ovalbumine.
Le vaccin antirabique actuellement utilisé en France n’est pas contre-indiqué chez l’allergique à l’œuf.
Toute vaccination implique par définition une surveillance de trente minutes après l’injection. Le praticien doit toujours être en possession d’adrénaline injectable pour agir rapidement en cas de réaction anaphylactique exceptionnelle non formellement liée à l’œuf.
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