L’hypertrophie bénigne de la prostate, une des maladies les plus fréquentes de l’homme, est connue pour ses troubles de la fonction urinaire généralement invalidants. Sa fréquence augmente avec l’âge puisqu’elle passe de 50 % chez les plus de 50 ans à 80 % pour les hommes de 80 ans et au-delà. Au total, plus de 2 millions d’hommes sont concernés. Son diagnostic repose sur un bilan bien codifié. L’interrogatoire est essentiel pour préciser l’importance et la nature des troubles urinaires. Le toucher rectal renseigne sur la consistance et la taille de la prostate. Le test du PSA évalue les risques de cancer. L’échographie permet d’éliminer d’éventuels nodules tumoraux. En cas de suspicion de malignité, une IRM et une biopsie sont réalisées.
L'indication thérapeutique est portée au terme de la concertation entre le patient, son médecin généraliste, l’urologue et le radiologue interventionnel, en pesant les avantages et les risques des différentes formes de traitements disponibles à savoir les traitements médicamenteux, la chirurgie (résection complète de la prostate par voie sus-pubienne ou partielle par voie endoscopique/traitement de référence) et l’embolisation.
Une technique efficace et peu invasive
L’embolisation n’est pas une technique récente. Ses applications à visée hémostatique sont nombreuses notamment en traumatologie ou en pré ou postopératoire. Son développement en oncologie représente une avancée importante. La principale indication : les cancers du foie en général couplé à la chimiothérapie, à des traitements locaux ou chirurgicaux. Elle est, depuis un certain nombre d’années, également proposée dans le traitement de l’hypertrophie bénigne de la prostate car peu invasive et sans complication majeure.
Le geste thérapeutique consiste à provoquer une ischémie du parenchyme prostatique pour l’atrophier. La réduction du volume de la prostate et la décompression de l’urètre vont alors permettre à l’urine de s’écouler à nouveau normalement. Techniquement le radiologue passe par voie fémorale pour rejoindre les artères qui vascularisent la prostate dépendant de l’artère iliaque interne droite et gauche. L’embolisation est réalisée avec des petites billes de polymères de 300 à 500 microns sous contrôle radiologique. Cette technique de radiologie interventionnelle nécessite une expertise radiologique dans le domaine du microcathétérisme et des moyens techniques performants car l’anatomie des artères de la prostate présente des variations anatomiques importantes.
Un risque de complication faible
Il n’existe pas encore de grandes études randomisées sur l’embolisation. Mais comme le précise le Pr Hervé Rousseau, chef du service de radiologie au CHU Rangueil à Toulouse, « un certain nombre de travaux dit de non-infériorité ont montré qu’elle était aussi performante que la chirurgie. De plus, ajoute-t-il, elle a l’avantage d’être beaucoup moins invasive que la chirurgie et d’éviter ses effets secondaires à savoir les complications postopératoires (hémorragiques en particulier) et les éjaculations rétrogrades vers la vessie, particulièrement pénalisantes pour le patient ». Avec un risque de complication très faible et en l’absence de retentissement sur la fonction sexuelle, cette technique va permettre au patient de voir sa qualité de vie s’améliorer significativement.
Si elle ne fait pas encore partie des recommandations officielles et nécessite d’être étudiée dans le cadre d’études comparatives, elle ne doit pas pour autant être méconnue des acteurs de santé ni du grand public en raison de son efficacité et de ses avantages par rapport à la chirurgie.
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