Les troubles oculaires associés aux anticancéreux sont en augmentation, du fait de protocoles plus agressifs, d’associations de molécules et de l’allongement de l’espérance de vie. Leur survenue doit faire différencier les troubles oculaires liés aux traitements et ceux liés à l’évolution de la maladie ou à un syndrome paraparanéoplasique. Il est souvent difficile de relier un effet secondaire à une molécule, du fait de la fréquence des combinaisons thérapeutiques, de l’association éventuelle à la radiothérapie et de l’absence de bilan ophtalmologique systématique à l’instauration du traitement. « On ne dispose pas de véritable consensus sur le sujet, pas plus que sur la surveillance à effectuer », déplore la Dr Olivia Zambrowski, CHI de Créteil.
L’anticancéreux rétinotoxique le plus connu est le tamoxifène. L’atteinte rétinienne dépendrait de sa dose cumulée. La maculopathie ne nécessite pas d’arrêt thérapeutique, sauf au stade d’atrophie. Une surveillance systématique serait nécessaire.
Les inhibiteurs de MEK, qui ont l’AMM dans le traitement des mélanomes de stade avancé, ont une iatrogénie oculaire chez 30 % à 50 % des patients, essentiellement du fait de décollements séreux rétiniens maculaires, spontanément résolutifs sans séquelles et généralement compatibles avec la poursuite du traitement. Beaucoup plus rarement, ils peuvent provoquer une élévation de la pression intraoculaire ou des occlusions de veine centrale de la rétine.
Les taxanes (docétaxel et paclitaxel) peuvent entraîner des œdèmes maculaires, dose-dépendants. Ils régressent en principe à l’arrêt du traitement mais peuvent nécessiter parfois un traitement par injection intravitréenne de corticoïdes.
D’autres molécules très fréquemment utilisées ont une toxicité rétinienne très rare, avec généralement une résolution spontanée. Ainsi, le cisplatine (œdème papillaire ou névrite rétrobulbaire dépendant de la dose cumulée, occlusions de la veine centrale de la rétine après injection intra-artérielle dans les tumeurs cérébrales ou ORL de résolution spontanée), le carboplatine (rares cas de neuropathies optiques ou de maculopathie) ou le méthotrexate (œdème maculaire, neuropathie optique).
Communication de la Dr Olivia Zambrowski, CHI de Créteil
Article suivant
L'œil du rhumatologue
Surveiller la rétine
L'œil du rhumatologue
Demain tous myopes ?
Les nouveaux défis de Point Vision
Une répartition géographique inhomogène
Ce n’est pas toujours l’œil
Ronfler à perte de vue
Moins d'injections pour la DMLA
Les pièges devant un larmoiement chez l’enfant
Allonger les délais entre les fonds d'œil ?
Et si c'était Démodex ?
Y a-t-il un anesthésiste dans l'avion ?
Le succès de l'OCT
Les ophtalmologistes voient plus loin
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?