Cette année trois communications ont plus particulièrement retenu l’attention du Dr Stéphane Manzo-Silberman, impliquée depuis longtemps dans la santé cardiovasculaire des femmes.
Tout d’abord l’essai Baccarat, étude monocentrique prospective ayant inclus 94 femmes traitées par radiothérapie pour un cancer du sein, rapporté par Sophie Jacob (1). Il s’agit de la première étude à mettre en évidence une relation entre la dose de rayonnements reçus et l’altération d’un paramètre échographique, le strain longitudinal global. « Dépister précocement les modifications subcliniques de la fonction ventriculaire gauche chez les femmes traitées pour un cancer du sein est un enjeu important pour pouvoir développer et mettre en place des mesures préventives », souligne le Dr Manzo-Silberman, avant de rappeler que la cardio-oncologie est une discipline en plein essor.
Pour une collaboration entre gynécologues et cardiologues
Deuxième communication riche d’enseignements : des données à 5 ans de la cohorte de femmes suivies dans le parcours spécifique mis en place sous l’impulsion de la Pr Claire Mounier-Vehier au sein de l’hôpital universitaire de Lille, « Cœur, artères et femmes ». Après une grossesse à risque (hypertension artérielle, pré-éclampsie, diabète gestationnel…) ou à la ménopause, la collaboration entre gynécologues et cardiologues permet de proposer un dépistage et une prise en charge spécifique des femmes à risque. Les données présentées par Anne-laure Madika portent sur 690 femmes ménopausées, âgées en moyenne de 58 ans à l’inclusion, qui selon les critères de l’American Heart Association (AHA), étaient à haut risque cardiovasculaire (50,8 % des cas) ou à risque cardiovasculaire (49,2 % des femmes) [2]. « Le suivi de cette cohorte démontre l’efficacité d’une approche structurée, qui permet de faire entrer les femmes dans une filière de soins, et d’améliorer le contrôle des facteurs de risque modifiables », rapporte le Dr Manzo-Silberman, qui plaide pour une généralisation de ce type de parcours de soins.
Le genre féminin associé au risque
Troisième travail : celui présenté par le Pr Nicolas Danchin sur les facteurs associés aux effets secondaires hémorragiques des traitements antithrombotiques prescrits après un infarctus du myocarde, à partir de l’analyse du registre FAST-MI (3). Invités à répondre à un questionnaire un an après l’événement coronaire aigu, les patients inclus dans ce registre ont été 59 % en 2010 et 51 % en 2015 à rapporter une gêne liée aux saignements. En analyse multivariée, le genre féminin était l’un des facteurs associés à un risque accru de nuisances liées aux saignements, (OR = 1,45, 1,25-1,68), sans que cela n’ait toutefois un impact sur la mortalité à 5 ans (relation analysée que sur la cohorte 2010). « Une fois de plus, ces résultats montrent la nécessité d’avoir une approche spécifique chez les femmes », conclut le Dr Manzo-Silberman.
D'après un entretien avec le Dr Stéphane Manzo-Silberman, hôpital Lariboisière, Paris. (1) P1567. Early detection of left ventricular dysfunction after breast cancer radiotherapy using speckle tracking echocardiography: association between cardiac exposure and myocardial strain changes (BACCARAT)
(2) Abs P3456. Heart, arteries and women, an innovative healthcare pathway based on collaboration between gynecologists and cardiologists for women at cardiovascular risk: design and evaluation at five years
(3) Abs 5197. Correlates and prognostic significance of nuisance bleeding after acute myocardial infarction. The FAST-MI programme
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