Comme l'expliquent les recommandations de la Société française de cardiologie publiées en 2017, le syndrome du QT long est caractérisé par une anomalie de la repolarisation ventriculaire, avec allongement de l'intervalle QT corrigé (QTc) sur l'électrocardiogramme standard en 12 dérivations. Les patients qui en sont atteints ont un risque significatif de syncope ou de mort subite en rapport avec des troubles du rythme ventriculaire graves comme les torsades de pointes ou la fibrillation ventriculaire. Ces événements peuvent être déclenchés par un exercice physique, un stress émotionnel ou des stimulations sonores. Il s'agit d'une « canalopathie » en rapport avec une mutation dans l'un des gènes intervenants dans le fonctionnement de canaux ioniques.
En l'absence de traitement, le risque d'accident rythmique grave dépend du sexe, de l'âge, de la durée de l'intervalle QT corrigé et de la forme génétique du syndrome.
Chez la femme, la repolarisation ventriculaire est influencée par les hormones sexuelles, de telle sorte qu'elle est plus longue que chez les hommes de la puberté à la ménopause.
Le risque rythmique est augmenté pendant la phase folliculaire par rapport à la phase lutéale. Dans cet esprit, il a été montré que l'estradiol allonge l'intervalle QTc, alors que la progestérone et la testostérone le raccourcissent.
Contraception, traitement du cancer du sein ?
Qu'en est-il de la prise de contraception estroprogestative en fonction du pouvoir plus ou moins androgénique du progestatif, et du traitement hormonal anti-estrogénique dans le contexte de cancer du sein ?
Dans une étude qui a porté sur 406 femmes non ménopausées en bonne santé, ainsi que dans une étude réalisée à partir de la base de pharmacovigilance européenne qui rapporte les effets indésirables des contraceptifs oraux avec drospirénone et lévonorgestrel, il a été montré que la drospirénone, contraceptif oral aux propriétés anti-androgéniques, était associée à un allongement significatif du QTc contrairement au lévonorgestrel, contraceptif oral aux propriétés plus androgéniques.
Le traitement hormonal anti-estrogénique dans le contexte de cancer du sein peut faire appel aux modulateurs sélectifs des récepteurs aux estrogènes (SERM, tamoxifène et torémifène), qui ont des propriétés estrogéniques au niveau cardiaque, et aux anti-aromatases (anastrozole, exémestane et létrozole), qui inhibent l'aromatisation de la testostérone en estrogènes.
Les SERM sont associés à un taux plus élevé de QTc et de torsades de pointes et d'arythmies ventriculaires. Ces cas sont rares, mais ils sont graves, avec une mortalité de 38 % chez les patients présentant des arythmies ventriculaires sous SERM.
Les études relatives aux effets des anti-aromatases sur le repolarisation cardiaque sont encore peu nombreuses.
Au total, les effets des traitements hormonaux sur la repolarisation cardiaque restent minimes sur le plan clinique. Les patients doivent néanmoins faire l'objet d'une attention cardiologique particulière, notamment s'ils sont associés à d'autres traitements ou maladies prolongeant l'intervalle QT corrigé.
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