Maladie classiquement associée à l’adolescence, l’acné touche également plus de 20 % des femmes adultes mais aussi, dans une moindre proportion, des hommes jeunes, avec dans ce cas une atteinte du visage volontiers sévère et des lésions au niveau du dos relevant d’un traitement par isotrétinoïne orale. Chez l’homme, il faut penser à éliminer un facteur d’entretien, notamment la consommation de « whey protein » et d’anabolisants chez les adeptes de la musculation.
Chez la femme, il s’agit le plus souvent d’une acné apparue à l’adolescence et continuant d’évoluer par poussées à l’âge adulte, parfois d’une acné de novo, apparaissant vers l’âge de 25 ans. Les facteurs favorisants doivent là aussi être recherchés, en premier lieu le stress et les erreurs de cosmétiques. « Les huiles essentielles, les produits « bio », les masques, gommages et micropeelings aggravent et induisent de l’acné chez les jeunes femmes ayant une peau grasse », insiste la Pr Brigitte Dréno. Autre facteur favorisant : la contraception, en particulier le recours aux pilules de première et deuxième générations, aujourd’hui les plus utilisées en raison d’un risque thrombo-embolique moindre, mais qui sont inductrices d’acné. L’implant progestatif est aussi un facteur délétère, tout comme les dispositifs intra-utérins (DIU) hormonaux. À l’inverse, les pilules de troisième et quatrième générations, tout comme le DIU au cuivre sont recommandés. La physiopathogénie de l’acné de la femme adulte suscite beaucoup de recherches et d’autres facteurs sont avancés : cigarette, alimentation riche en sucres rapides, qui agirait via l’augmentation du taux d’IgF1, régime carencé en zinc ou vitamine D…
Contrairement aux hommes, il s’agit le plus souvent d’une acné minime à modérée, localisée sur la zone mandibulaire. « S’il y a peu de lésions, un traitement local par combinaison fixe d’adapalène à 0,1 ou 3 % et de peroxyde de benzoyle à 2,5 %, pas plus, est privilégié, mais il n’est pas remboursé », indique la Pr Dréno. On peut sinon recourir à l’adapalène 0,1 % seul. L’antibiothérapie locale, source de résistance, est à proscrire.
« Le traitement doit être appliqué le soir, sur tout le visage et non pas uniquement sur les lésions », rappelle la Pr Dréno. Une crème hydratante non comédogène est utilisée le matin ; il faut éliminer les huiles essentielles et les produits « bio », éviter les maques et gommages et contrôler le gel nettoyant, afin de respecter le microbiome. « On sait aujourd’hui que l’acné est une maladie du microbiome cutané », poursuit la Pr Dréno. En cas d’acné plus sévère (haut du dos, grade 3 sur le visage), un traitement oral est associé à ces mêmes traitements locaux pour une durée maximale de quatre mois : doxycycline (100 mg par jour) ou lymécycline 300 mg/jour, à demi-dose donc, à visée anti-inflammatoire freinatrice de la glande sébacée. Si ce traitement est efficace, le traitement local d’entretien est poursuivi. S’il est inefficace ou en cas de rechute, il faut reconsidérer la contraception, en faisant appel à une pilule ayant une indication dans l’acné, mais en évitant celles contenant de l’acétate de cyprotérone, sauf en cas de signes d’hyperandrogénie. On peut également recourir à l’isotrétinoïne orale, en association à une contraception par une pilule de troisième ou quatrième génération qui sera poursuivie deux mois après l’arrêt du traitement anti-acnéique. « Un test de grossesse doit être réalisé tous les mois et son résultat négatif noté sur l’ordonnance », insiste la Pr Dréno. Hors autorisation de mise sur le marché, la spironolactone à faible dose (50 à 100 mg par jour) semble donner de bons résultats, en association à un traitement local et une contraception adaptée. Une étude en cours d’inclusion, dont les résultats sont attendus d’ici 18 mois, évalue la spironolactone comparativement à la doxycycline.
« Enfin, les femmes doivent être conseillées sur l’usage des cosmétiques, en restant sur les gammes dermocosmétiques, et si besoin orientés vers des activités anti-stress comme la sophrologie », conclut la Pr Brigitte Dréno.
D’après un entretien avec le Pr Brigitte Dréno, Nantes.
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