Du nouveau pour le pied diabétique

Par
Publié le 21/03/2024
Article réservé aux abonnés

Les affections du pied liées au diabète sont des complications fréquentes, potentiellement graves, pouvant conduire à une amputation. Elles posent un défi majeur en matière de prévention et de prise en charge. Les recommandations ont été récemment actualisées.

L’examen clinique attentif est déterminant

L’examen clinique attentif est déterminant
Crédit photo : BURGER/PHANIE

Trois quarts des diabétiques finissent par développer une neuropathie, ce risque augmentant avec le temps. Un quart auront un ulcère du pied et parmi eux, 40 à 80 % verront leurs ulcérations s’infecter. La prévention de ces lésions est donc primordiale et, quand elles surviennent, un suivi et une prise en charge rigoureux sont nécessaires afin d’éviter le risque de surinfection.

L’International Working Group on the Diabetic Foot (IWGDF) a récemment réactualisé ses lignes directrices sur la prévention et le traitement du pied diabétique (1). « Les dispositifs de mise en décharge du genou non amovibles (plâtre à contact total ou déambulateur inamovible) favorisent une meilleure cicatrisation par rapport aux attelles et chausseurs amovibles : ils doivent être préférés », rapporte le Dr Dured Dardari (CH Sud-Francilien, Corbeil-Essonne).

Différents types de pansements peuvent être utilisés : les alginates, formant un gel humide lors de l’absorption et nécessitant un pansement secondaire ; les pansements antimicrobiens (à base d’argent ou iode), en cas de risque d’infection ; les collagènes (gel, coussinet, pâte, poudre…), pour stimuler la cicatrisation ; les mousses « foams », capables d’absorber des quantités modérées d’exsudat, pouvant être utilisées sous compression ; les hydrocolloïdes, pour les plaies non infectées présentant un drainage séreux insignifiant.

Des thérapies permettant d’activer la cicatrisation ont fait leurs preuves : patch topique de fibrine et de plaquettes leucocytaires ; produits dérivés du placenta ; octasulfate de saccharose. L’oxygénothérapie hyperbare est considérée comme un traitement complémentaire des ulcères du pied neuro-ischémiques ou ischémiques diabétiques, lorsque les soins standards ont échoué. Il en est de même pour l’oxygénothérapie topique.

Dépister l’infection

L’infection du pied diabétique se définit par l’invasion et la multiplication de micro-organismes entraînant une réponse inflammatoire allant jusqu’à la destruction des tissus atteints. L’examen clinique met en évidence une tuméfaction ou induration locale, un érythème autour de l’ulcère, une chaleur locale, un écoulement purulent… Des signes de gravité (hyper- ou hypothermie, tachycardie, tachypnée) témoignent d’une réponse inflammatoire systémique.

Lors d’un premier épisode d’infection superficielle d’un mal perforant plantaire, il n’y a pas besoin de biologie, ni de prélèvement local. Le traitement fait appel à l’antibiothérapie : amoxicilline + acide clavulanique sept jours ou, en cas d’allergie, à la Pyostacine 1 g trois/jour.

En cas de suspicion d’ostéite chronique sans dermohypodermite, il faut réaliser une radiographie et adresser en filière pied diabétique : une biopsie osseuse sera réalisée après au moins 14 jours de fenêtre antibiotique.

Communication « Prise en charge d’une plaie d’un pied diabétique complexe »

(1) Chen P et al. Diabetes Metab Res Rev. 2024 Mar;40(3):e3644


Source : Le Quotidien du Médecin