Pathologie très fréquente puisqu’elle touche 15 % des individus au cours de la vie, l’urticaire aiguë est dans la majorité des cas d’origine non allergique. Il s’agit le plus souvent d’un épisode unique, qui ne nécessite aucune exploration complémentaire. Les étiologies potentielles sont variées : facteur physique (froid, pression…), dermographisme, urticaire de contact, origine alimentaire ou médicamenteuse – avec alors avec un risque d’angio-œdème de Quincke –, infections. Très souvent, aucune cause n’est retrouvée et l’urticaire est considérée comme idiopathique. Le traitement se fonde sur les anti-histaminiques de deuxième génération. En cas d’évolution chronique, qui définit une forme évoluant depuis plus de 6 semaines, un bilan minimal s’impose : NFS, VS, CRP, anticorps anti-TPO.
Repérer les angio-œdèmes bradykiniques
Face à un angio-œdème, l’enjeu est de ne pas méconnaître une forme bradykinique, acquise ou héréditaire, pouvant mettre en jeu le pronostic vital. En effet, si les angio-œdèmes sont dans la majorité des cas « histaminiques », idiopathiques non allergiques et non IgE médiés, associés aux urticaires chroniques, ils peuvent aussi être allergiques, survenant dans le cadre d’une réaction d’hypersensibilité immédiate à un médicament ou un aliment. Plus rarement, ils sont de type bradykinique, acquis (traitement par inhibiteur de l’enzyme de conversion ou sartan notamment) ou héréditaire lié à un déficit en inhibiteur de la fraction C1 du complément (1 300 patients en France).
L’anamnèse alimentaire et médicamenteuse, à la recherche notamment de la prise d’un anti-inflammatoire non stéroïdien ou d’un IEC, est une étape importante de la démarche diagnostique. En pratique, la survenue d’un angio-œdème après un contact avec un allergène ou sous IEC impose l’appel immédiat au SAMU en raison du risque vital. En cas d’angio-œdème faisant évoquer une forme héréditaire (atteintes cutanées au niveau des extrémités ou du tube digestif, début dans l’enfance), un avis spécialisé est demandé en urgence.
Enfin en cas d’angio-œdèmes récidivants associés à une urticaire chronique, sensibles aux anti-H1 et à la corticothérapie, le patient doit être adressé au dermatologue, mais sans urgence.
Un syndrome redouté
Un Dress, ou syndrome d’hypersensibilité médicamenteuse, doit être suspecté face à un exanthème étendu, violacé, avec fièvre élevée et œdème. Il faut alors rechercher la prise d’un nouveau médicament dans les semaines précédentes (en moyenne quatre semaines), certaines molécules étant plus particulièrement en cause : allopurinol, antiépileptiques, antibiotiques, AINS, mais aussi d’autres considérées comme plus anodines, comme l’étifoxine. En cas d’exanthème isolé, il est important de revoir le patient 24 heures plus tard, et de lui demander de reconsulter en urgence en cas d’apparition de lésions muqueuses (chéilite même débutante), en raison du risque de syndrome de Stevens-Johnson. Il ne faut pas hésiter à hospitaliser le patient au moindre doute, car les atteintes d’organes exposent à un risque vital.
Communications des Drs Édouard Begon, Pontoise, et Aurélie Janczewski, Saint-Jean-Saint-Nicolas
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