L'ostéoporose touche environ 5 millions de personnes en France, dont 4 millions de femmes et 1 million d'hommes. « Au-delà de 50 ans, l'ostéoporose concerne environ 40 % des femmes », estime le Pr Bernard Cortet, rhumatologue au CHU de Lille et président du groupe de recherche et d'information sur les ostéoporoses (GRIO). Cette maladie du squelette provoque la survenue de fractures en l'absence de traumatisme majeur, dont certaines sont plus graves que d'autres. « C'est le cas de la fracture de la hanche, qui conduit à un placement en Ehpad dans environ 50 % des cas », souligne le Pr Cortet. Ces fractures sont également à l'origine d'une surmortalité. « La mortalité augmente de 20 % dans l'année qui suit une fracture de hanche chez les femmes et de 30 % chez les hommes. Nous constatons aussi une surmortalité en cas de fracture des vertèbres, du bassin ou de l'épaule », détaille le Pr Cortet.
Cette maladie touche davantage les femmes que les hommes, du fait de la perte osseuse qui caractérise la ménopause. « Elle est variable d'une femme à l'autre et ce degré de perte osseuse va conditionner le risque d'ostéoporose », note le spécialiste. D'autres facteurs de risques entrent en ligne de compte, comme fumer, boire, être sédentaire, être carencé en calcium, avoir une insuffisance ou une carence en vitamine D.
Doses plus faibles mais plus fréquentes
Dans ce contexte, quel est l'intérêt d'une supplémentation en vitamine D chez les personnes atteintes d'ostéoporose ? « La vitamine D n'est pas un traitement de l'ostéoporose, répond le Pr Cortet. Son effet propre sur l'évolution de la densité osseuse est très modéré, de même que son action sur la prévention des fractures. Néanmoins, même si ce n'est pas suffisant, c'est quand même nécessaire. En effet, si nous traitons des patients ostéoporotiques qui souffrent d'un manque de vitamine D par bisphosphonate, le traitement sera moins efficace que si le taux de vitamine D est correct ». Concernant la supplémentation en vitamine D, le GRIO vient de publier de nouvelles recommandations*. « Pendant très longtemps, nous avons utilisé des traitements intermittents, car la galénique de la vitamine D au quotidien n'est pas très adaptée à des gens âgés et causait des problèmes d'observance. Nous utilisions en général 100 000 UI de vitamine D tous les deux à trois mois. Mais des études récentes ont montré que les personnes qui avaient des taux très bas de vitamine D avaient certes plus de risques de fractures que les personnes qui n'étaient pas carencées, mais que ceux qui avaient des taux très haut avaient eux aussi davantage de risques. D'où l'idée de conserver l'utilisation de formes intermittentes de vitamine D, mais moins dosées ». Ainsi, le GRIO recommande désormais d'employer des doses de 50 000 UI au lieu de 100 000. « Le taux de vitamine D souhaitable est compris entre 30 et 70 ng/mL. Si une personne a un taux très bas, à moins de 10 ng/mL, nous recommandons de lui donner une ampoule de vitamine D à 50 000 UI toutes les semaines pendant 8 semaines en initiation de traitement, puis de passer à une ampoule tous les mois de 50 000 UI. Il vaut mieux donner des doses moindres, mais plus souvent », recommande-t-il.
Souberbielle J-Claude, Cormier C, Cavalier E, Breuil V, Debiais F, Fardellone P, Guggenbuhl P, Rose-Marie-Javier, Legrand E, Lespessailles E, Paccou J, Thomas T, Cortet B, Vitamin D Supplementation in France in Patients with or at Risk for Osteoporosis: Recent Data and New Practices, Joint Bone Spine (2018).
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