Prévention et dépistage du surpoids et de l’obésité

Le généraliste en première ligne

Publié le 10/10/2011
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Crédit photo : S. TOUBON/LE QUOTIDIEN

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Crédit photo : PHANIE

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Crédit photo : PHANIE

LE SURPOIDS touche aujourd’hui en France 32 % des adultes et 14,5 % des enfants et adolescents. Chez l’enfant, si la situation est installée à la puberté, le risque de demeurer en surpoids ou de devenir obèse est élevé : entre 20 et 50 % avant la puberté et entre 50 et 70 % après la puberté. Aujourd’hui, 15 % des Français adultes et 3,5 % des enfants présentent une obésité. Dans le cadre du deuxième programme national Nutrition Santé 2006-2010, la HAS vient de publier une mise à jour de ses recommandations de 2003 concernant le surpoids et l’obésité de l’enfant et de l’adolescent. La Haute Autorité publie parallèlement de nouvelles recommandations de bonne pratique spécifiques à l’adulte dans la prise en charge de premier recours.

La HAS prône le « calcul systématique » de l’Indice de masse corporelle (IMC) « chez tout patient, quels que soient son âge, sa corpulence apparente et le motif de la consultation ». Chez l’adulte, pour un IMC entre 25 et 35 kg/m2 (surpoids, obésité modérée), l’examen sera complété par la mesure du tour de taille. L’excès de graisse abdominale étant associé, « indépendamment de l’IMC, au développement des complications métaboliques et vasculaires de l’obésité ». Chez l’enfant, au-delà du calcul de l’IMC, la courbe d’IMC devra être tracée « dès les premiers mois de la vie et surveillée attentivement au minimum 2 à 3 fois par an » en étant attentif aux signes d’alerte : ascension continue de la courbe IMC, rebond d’adiposité précoce ou changement rapide de couloir vers le haut.

Modifier les habitudes.

Lorsqu’un surpoids ou une obésité est diagnostiqué, l’objectif thérapeutique est de modifier durablement les habitudes hygiéno-diététique plutôt que de rechercher la perte de poids à tout prix. Comme le rappelle la HAS, « les régimes à visée amaigrissante ne sont pas recommandés, quelle qu’en soit la nature, car ils sont nocifs et inefficaces à long terme ». Au médecin de mettre en garde les patients contre des régimes successifs à l’origine des fluctuations de poids susceptibles d’être dangereuses pour la santé. Quant aux traitements médicamenteux, ils ne sont recommandés ni chez l’adulte ni chez l’enfant et l’adolescent, du fait de leur efficacité « modeste », des effets indésirables (notamment digestifs) et des interactions médicamenteuses (en particulier avec les anticoagulants et les contraceptifs oraux).

La prise en charge médicale passe d’abord par l’identification des facteurs favorisant la prise de poids. Ceux-ci peuvent être multiples : apports énergétiques excessifs, sédentarité, arrêt ou réduction de l’activité physique, arrêt du tabac, consommation d’alcool, prise de certains médicaments, facteurs génétiques et antécédents familiaux d’obésité, grossesse, ménopause, diminution du temps de sommeil, troubles du comportement alimentaire, facteurs professionnels ou personnels… Puis les conséquences de l’excès de poids (somatiques, psychologiques, sociales…) sont à rechercher. Outre cet état des lieux primordial, la prise en charge comporte un accompagnement diététique et un suivi régulier afin d’aider le patient à « trouver un équilibre alimentaire en changeant durablement ses habitudes ».

Augmenter l’activité physique « mais pas seulement le sport » est une autre priorité. « L’objectif est d’atteindre au moins 2 h 30 par semaine d’activité physique d’intensité modérée pour les adultes » et d’une heure quotidienne pour les enfants, qui doivent également passer moins de temps devant un écran.

L’accompagnement psychologique du patient obèse ou en surpoids ne doit pas être négligé. Il peut être réalisé par le médecin traitant, « complété si nécessaire par une prise en charge spécialisée » (en cas de troubles du comportement alimentaire ou de dépression). Pour les enfants et adolescents, la HAS recommande spécifiquement l’orientation vers un psychologue et/pédopsychiatre dans certaines situations (obésité sévère, souffrance psychique intense ou persistante, psychopathogie associée…).

D’une manière générale, si, au bout de six mois à un an, les objectifs thérapeutiques ne sont pas atteints en dépit de la prise en charge, le médecin traitant peut alors faire appel en complément de son suivi à d’autres professionnels : diététicien, médecin spécialisé en nutrition, psychologue, psychiatre, professionnels en activité physiques adaptée. Pour augmenter les chances de succès thérapeutique, il est enfin indispensable de « considérer et sensibiliser l’entourage des patients en excès de poids », en les associant si possible à la démarche thérapeutique. Le tout en communiquant les informations « dans un style et un langage qui conviennent à la personne et à son entourage », conseille la Haute Autorité.

Ces recommandations sont téléchargeables sur le site Internet : www.has-sante.fr.

DAVID BILHAUT

Source : Le Quotidien du Médecin: 9021