Jusqu’à présent, aucun essai thérapeutique contrôlé correctement conduit dans le diabète de type 2 n’a démontré qu’un hypoglycémiant quelconque apporte un bénéfice dans la prise en charge de cette maladie. Certaines études ont même montré que plusieurs molécules peuvent aggraver le pronostic cardiovasculaire des diabétiques de type 2, comme le muraglitazar et la rosiglitazone par exemple. De ce fait, des études évaluant la sécurité cardiovasculaire des hypoglycémiants ont été demandées par les agences d’enregistrement aux développeurs de ces molécules et c’est ainsi que l’on a vu apparaître un paradoxe en thérapeutique : des études de non-infériorité contre placebo. L’étude EMPA REG Outcomes fait partie de ces études particulières ; elle a évalué deux doses d’empagliflozine (10 et 25 mg/j) contre placebo chez 7 020 diabétiques de type 2 en prévention CV secondaire.
L’étude a démontré la sécurité cardiovasculaire de cette molécule, mais plus encore, sa supériorité contre placebo en termes de réduction de la mortalité totale (5,7 % vs 8,3 % ; HR : 0,68 ; IC95 % : 0,57-0,82 ; p ‹ 0,001), de réduction de la mortalité cardiovasculaire (3,7 % vs 5,9 % ; HR : 0,62 ; IC95 % : 0,49-0,77 ; p ‹ 0,001) et de réduction du risque d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque (2,7 % vs 4,1 % ; HR : 0,65 ; IC95 % : 0,50-0,85 ; p = 0,002) : du jamais vu jusqu’à maintenant. Ces données devraient d’ailleurs conduire à faire de cette molécule le traitement de première intention du diabète de type 2 chez les patients en prévention cardiovasculaire secondaire. Mais, paradoxe de l’étude, si la mortalité cardiovasculaire a diminué, le risque d’infarctus du myocarde et d’accident vasculaire cérébral n’a pas été modifié.
Les données complémentaires de cet essai, présentées lors du congrès de l’AHA, avaient pour objectif de déterminer l’effet de l’empagliflozine sur la prévention de l’insuffisance cardiaque chez les différents types de patients diabétiques de type 2 inclus dans l’étude EMPA REG.
L’insuffisance cardiaque au cœur du bénéfice
Ces analyses complémentaires ont montré que la réduction du risque d’hospitalisation ou de décès cardiovasculaire a été homogène dans tous les sous-groupes évalués : âge inférieur ou au moins égal à 65 ans, débit de filtration glomérulaire au moins égal à 90, entre 60 et 90 et inférieur à 60 mg/min/1,73 m², traitement en cours par insuline ou non, par IEC/ARA 2 ou non, par diurétique ou non, par bêtabloquant ou non, et par antagoniste des récepteurs aux minéralocorticoïdes ou non.
De plus, que les patients aient eu ou non une insuffisance cardiaque à l’inclusion, l’effet de l’empagliflozine par rapport au placebo a été homogène en termes de réduction du risque d’hospitalisation et/ou de décès par insuffisance cardiaque, de décès cardiovasculaire et de mortalité toutes causes.
Un bénéfice homogène
Les apports majeurs de ces analyses ont donc été de montrer que le bénéfice de l’empagliflozine sur les événements sur lesquels elle est efficace est homogène dans tous les sous-groupes évalués et que la réduction du risque d’insuffisance cardiaque est constatée que les patients aient ou non une insuffisance cardiaque lors de l’inclusion dans l’étude. Ces résultats font envisager l’opportunité d’une évaluation spécifique de ce traitement dans la prise en charge de l’insuffisance cardiaque.
Malgré ces résultats majeurs, l’étude, dans son ensemble, ne permet pas de juger si l’empagliflozine apporte un bénéfice chez les diabétiques de type 2 en prévention cardiovasculaire primaire.
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