Le Quotidien du Médecin. L'étude NETTER-1 est la première étude randomisée ayant évalué la radiothérapie vectorisée interne (RVI) avec le 177 Lu-Dotatate. Quel est son principal résultat ?
Pr Philippe Ruszniewski. Nous ne disposions jusqu'alors que de données rétrospectives assez anciennes, certes très prometteuses mais qui devaient être confirmées de façon indiscutable. L'essai NETTER-1 est une étude de phase 3 internationale randomisée qui apporte la preuve de l'efficacité de cette stratégie thérapeutique chez des patients porteurs de tumeurs neuroendocrines de l'intestin moyen inopérables et progressives, exprimant les récepteurs de la somatostatine.
Dans la population de 230 patients âgés en moyenne de 63 ans inclus dans l’étude, la survie sans progression (SSP) médiane a été de 8,4 mois chez ceux traités par octréotide 60 mg/28 jours, alors que la SSP n'a pas été atteinte dans le groupe RVI du fait de sa durée très prolongée. Elle peut être estimée autour de 40 mois. Il s'agit d'une avancée majeure, avec un odds- ratio de 0,21.
Ce traitement répond donc à une véritable attente ?
Tout à fait. Les possibilités thérapeutiques étaient très limitées pour les tumeurs primitives de l'intestin grêle. Les chimiothérapies sont inefficaces, l'impact des thérapies ciblées est mal connu, à l'exception de données récentes avec l'évérolimus. Les métastases hépatiques peuvent bénéficier d'une chimio-embolisation. En pratique, nous adressions auparavant de nombreux patients à nos collègues aux Pays-Bas ou dans d'autres pays d'Europe, où la RVI est disponible depuis de nombreuses années. Nos patients peuvent être pris en charge dans le cadre d'une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) de cohorte ou individuelle, en attendant l'autorisation de mise sur le marché.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Nous avons besoin de mieux préciser la sécurité au long cours, avec notamment deux sujets qui méritent attention : le risque d'insuffisance rénale, avec quelques cas rapportés dans les études, et la toxicité médullaire, risque faible mais qui augmente avec le recul. D’autres études prospectives vont suivre, notamment dans les tumeurs neuroendocrines pancréatiques et bronchiques.
* Hôpital Beaujon, Clichy, et université Paris Diderot
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