Les apports conseillés en calcium sont élevés pour les enfants ; de 800 mg/j pour les 4-10 ans à 1 150 mg/j pour les 11-17 ans. « Cela nécessite la consommation de trois à quatre produits laitiers par jour. Contrairement à ce que suggèrent certains, ils ne peuvent pas être remplacés par des végétaux riches en calcium : il faudrait en ingérer des volumes impossibles à atteindre. En revanche, les eaux minérales riches en calcium (500 mg/L) telles que Hépar, Courmayeur ou Contrex, peuvent constituer une alternative, à condition d’en boire 1,5 -2 L par jour, mais leur goût n’est généralement pas apprécié chez les adolescents », explique le Pr Patrick Tounian (chef du service de nutrition et gastro-entérologie pédiatriques, Hôpital Trousseau, AP-HP).
Trois à quatre produits laitiers par jour
Une supplémentation en calcium sous forme médicamenteuse est nécessaire chez les enfants et adolescents consommant moins de 300 mg de calcium par jour. « Si les stocks de calcium n’ont pas été constitués dans les vingt premières années de vie, le risque fracturaire est accru pour tout le restant de l’existence ; il existe notamment une augmentation du risque de fracture du col du fémur après la ménopause », rappelle le pédiatre.
Une à deux portions de poisson par semaine
Deuxième pilier alimentaire chez l’enfant, le DHA. Les apports en acide docosahexaénoïque (DHA), indispensable au bon développement du cerveau, sont assurés par les produits de la mer. La consommation d’une à deux portions de poissons par semaine, dont un gras (maquereau, sardine, truite, hareng, saumon), permet de couvrir les besoins en DHA. « Comme pour le calcium, c’est au cours des vingt premières années de vie que le stock cérébral de DHA se constitue. Il a ainsi été suggéré que la prévention de la démence sénile commencerait dès l’enfance et l’adolescence par la consommation de DHA en quantité suffisante », souligne le Pr Tounian.
Deux produits carnés par jour
Le principal atout des produits carnés (viande rouge, volaille, charcuterie) est leur forte teneur en fer héminique, donc assimilable, ce qui le rend particulièrement intéressant pour les enfants et les adolescents. « La carence martiale toucherait une fille sur deux à l’adolescence, liée à une consommation insuffisante de produits carnés, par pression idéologique, écologique… sans aucun fondement scientifique », souligne le Pr Tounian. Les apports en fer reposent sur la consommation quotidienne de deux portions de produits carnés, recommandée par la Société française de pédiatrie.
Cet apport carné ne peut pas être remplacé par des végétaux riches en fer (céréales complètes, légumineuses, épinards) car la biodisponibilité du fer (non héminique) qu’ils contiennent est très faible, jusqu’à huit fois moins que la viande, donc les quantités à ingérer seraient bien trop importantes pour être réalisables en pratique.
« On a bien fait d’interdire la dénomination “steak végétal”, considère le Pr Tounian. Seules les graines sont très riches en fer, notamment celles de soja (16 mg/100 g, presque autant que le boudin noir) : elles sont cinq fois plus riches en fer que la viande rouge, mais sept fois moins bien absorbées. Il faut donc en consommer au moins 200 g par jour pour couvrir les besoins médians d’une adolescente. »
Par ailleurs, chez l’enfant et l’adolescent, l’ingestion de viandes rouges n’entraîne pas de surrisque de cancer du côlon à l’âge adulte, ni d’altération de la fonction rénale.
Un seul fruit ou légume est suffisant
Dernier pilier alimentaire, les végétaux apportent des fibres et certaines vitamines qu’on ne retrouve que très peu dans les autres aliments (C, B9). « Mais seuls des régimes totalement dépourvus de végétaux pendant un à plusieurs mois sont susceptibles d’entraîner des carences, notamment en vitamine C », tempère le Pr Tounian, qui souligne : « la recommandation des cinq fruits et légumes par jour ne repose sur aucune base scientifique en pédiatrie. En pratique, la consommation d’au moins un fruit ou légume par jour semble suffisante pour couvrir les besoins. »
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