Torsion des annexes chez la jeune fille : penser échographie

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Publié le 29/10/2021
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La torsion d’annexe est la seule urgence chirurgicale de l’appareil génital chez la jeune fille pubère ou prépubère. L’échographie pelvienne est l’examen de référence en pédiatrie.

La torsion des annexes se définit comme la rotation de l’ovaire avec la trompe ou de la trompe seule, autour de l’axe vasculaire, entraînant une compression du pédicule vasculaire provoquant œdème et congestion et pouvant aboutir à une ischémie et une nécrose. Le traitement chirurgical est urgent et doit être le plus conservateur possible afin de préserver la fonction ovarienne.

Les signes cliniques sont peu spécifiques, avec une douleur abdominale au niveau iliaque ou hypogastrique, violente, à début brutal, pratiquement toujours accompagnée de nausées et de vomissements, ne cédant généralement pas aux antalgiques, pouvant évoluer par paroxysmes avec des accalmies trompeuses. « Quel que soit l’âge, une douleur pelvienne aiguë avec vomissements ou nausées doit être considérée comme une torsion d’annexe jusqu’à preuve du contraire et constitue une urgence chirurgicale » insiste la Dr Julie Bolivar (CHU de Montpellier).

En pédiatrie, l’échographie, associée au doppler, est l’examen de référence, parce qu’il est aisément accessible, non irradiant et très performant sur le plan diagnostique, ce, exclusivement par voie sus-pubienne. Idéalement, l’examen doit se faire chez une patiente sous perfusion afin d’assurer un bon remplissage vésical et injecter des antalgiques.

Le diagnostic repose sur la mise en évidence de la spire de torsion tubaire, visible sous la forme d’une masse arrondie para-ovarienne. On distingue la torsion sur annexe saine, sur une masse ovarienne kystique ou la torsion tubaire isolée.

La torsion sur annexe saine est la situation plus fréquente en pédiatrie. Elle concerne exclusivement la fillette prépubère. L’ovaire est très augmenté de volume par rapport au côté sain. L’échogénicité a une valeur pronostique pour la qualité fonctionnelle de l’ovaire (il est d’autant plus péjoratif que la structure est très hétérogène).

La torsion sur une masse kystique concerne tous les âges. Une masse kystique complexe avec un volumineux compartiment liquidien évoque en premier un kératome kystique chez la jeune fille prépubère. Il s’agit de tumeurs congénitales non cancéreuses. Une masse kystique uniloculaire peut correspondre soit à un kyste fonctionnel après la puberté, soit à un tératome kystique soit à un cystadénome séreux (tumeur bénigne développée à partir des cellules présentes à la surface de l’ovaire). À noter qu’une lésion kystique hémorragique peut être responsable d’une douleur pelvienne aiguë, qu’elle soit ou non compliquée d’une torsion d’annexe. « Le raisonnement est simple » explique la radiologue. « Tout tératome kystique douloureux et tout kyste anéchogène et douloureux sont considérés comme compliqués d’une torsion d’annexe jusqu’à preuve du contraire ».

Enfin, la torsion tubaire isolée se diagnostique à l’échographie par des ovaires normaux et un kyste para-annexiel homolatéral à la torsion.

Exergue : Une douleur pelvienne aiguë avec vomissements ou nausées doit être considérée comme une torsion d’annexe jusqu’à preuve du contraire

Session 14101-11

Dr Maïa Bovard Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin