Une enquête de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), réalisée en collaboration avec la Société française de médecine d’urgence (SFMU) et le Groupe francophone de réanimation et urgences pédiatriques (GFRUP) a permis de dresser un état des lieux des urgences pédiatriques françaises. « Il s’agit d’une enquête un jour donné, le 11 juin 2013, date choisie notamment parce qu’en dehors des périodes épidémiques », a indiqué la Dr Bénédicte Vrignaud. Les données colligées portent sur 52 000 patients, reçus dans 537 points d’accueil ; 13 000, soit 25 %, avaient moins de 15 ans. L’âge moyen de ces enfants était de 6,5 ans, il s’agissait de garçons dans 55 % des cas. La moitié d’entre eux ont consulté dans un service d’urgences générales, plutôt en fin de journée (après 16 heures dans 53 % des cas).
Dans plus de deux tiers des cas (67,8 %), l’initiative de la consultation aux urgences était non médicale, une démarche des parents (58,2 % des cas) ou sur les conseils de l’entourage (9,6 % des cas). L’enfant était adressé par le médecin traitant dans seulement 23,7 % des cas, ce qui s’explique en partie par la proportion importante de lésions traumatiques (près de la moitié des motifs de consultation). Aux urgences, une imagerie conventionnelle (radiographies) a été réalisée dans 35,3 % des cas, une échographie ou un scanner dans 4,5 % des cas. Une salle d’accueil d’urgence vitale n’a été requise que dans 1,3 % des cas. Il s’agissait d’une cotation CCMU 1 (Classification clinique des malades aux urgences : abstention d’acte complémentaire diagnostique ou thérapeutique) dans 27 % des cas. Au sein des motifs de consultation, les pathologies infectieuses arrivaient juste derrière les traumatismes.
« Ces données actualisées sur le parcours de soins des enfants sont importantes à prendre en compte dans le contexte actuel d’une augmentation de l’activité globale dans tous les services d’urgences », a souligné le Dr Vrignaud.
TC léger et protéine S100 bêta
Autre actualité intéressante dans le domaine des urgences, sur le plan médical comme organisationnel : le recours au dosage de la protéine S 100 bêta, qui pourrait permettre de réduire les indications du scanner dans les traumatismes crâniens (TC) légers. Ces derniers sont à l’origine de 5 à 8 % des consultations aux urgences et, pour limiter le nombre de scanners cérébraux, examens irradiants, les praticiens ont recours au PECARN, algorithme qui permet de stratifier le risque de lésions intracrâniennes. Pour les patients à risque intermédiaire, l’ajout du dosage de la protéine S100 bêta, biomarqueur des lésions cérébrales, permet de réduire encore le nombre de scanners inutiles, selon une étude ayant évalué l’impact d’une prise en charge à l’aide d’un PECARN modifié (tenant compte de cette protéine). Dans ce travail qui a inclus 709 enfants à risque intermédiaire sur 2 865 TC légers, le taux de scanners a été réduit de 64 % par rapport à celui rapporté l’année précédente avec le PECARN non modifié. Le taux d’hospitalisations a lui été réduit de 58 %. Le dosage de cette protéine, dont les résultats sont obtenus en une heure environ, pourrait ainsi permettre de limiter la iatrogénie, tout en désengorgeant les urgences et en libérant des lits d’hospitalisation.
Une étude prospective et multicentrique est en cours pour confirmer ces résultats. L’impact médico-économique de cette stratégie doit également être évalué.
D’après les communications de la Dr Bénédicte Vrignaud (Nantes)
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