La classification de la Global Initiative for Chronic Obstructive Lung Disease (Gold) des patients atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) existe depuis 2001 et a déjà connu plusieurs modifications. Elle avait été reprise dans les recommandations de la Société de pneumologie de langue française (SPLF) pour la prise en charge de la BPCO en 2003, puis en 2010, mais les modifications apportées à partir de 2011 – classification en quadrants A/B/C/D, intégrant les symptômes et les exacerbations dans l’évaluation de la gravité des patients – n’avaient pas été adoptées, en raison notamment de leur complexité et de l’hétérogénéité du risque d’exacerbation selon le critère utilisé. De plus, la SPLF n’adhérait pas aux propositions thérapeutiques qui en découlaient.
Oui à la classification
Mais, en 2023, la classification Gold en quadrants A/B/C/D a été modifiée pour devenir A/B/E, mettant ainsi en exergue les conséquences cliniques des exacerbations : le E, pour patients à risque d’exacerbation, indépendamment de leur niveau de symptômes, correspond aux anciens groupes C et D, qui se différenciaient uniquement sur la dyspnée. Les groupes A et B restent inchangés, le A regroupant les patients peu symptomatiques et peu exacerbateurs, le B concernant les patients symptomatiques à faible risque d’exacerbation.
C’est bien cette mise en avant du poids majeur des exacerbations – connu de longue date mais encore insuffisamment appréhendé – qui représente le point fort de cette nouvelle classification. « Du fait de cette simplification par rapport aux précédentes versions, de sa plus grande facilité de mise en œuvre et de la mise en avant des exacerbations comme déterminant des choix thérapeutiques, la SPLF prend cette fois position en faveur de cette classification », indique la Dr Lucile Regard (hôpital Cochin, AP-HP), membre du groupe de travail BPCO de la SPLF, qui souligne : « Le poids des exacerbations sur le risque d’hospitalisation, de décès, d’aggravation de comorbidités, le déclin de la fonction respiratoire ou encore sur la qualité de vie est maintenant établi et supporté par des données robustes de la littérature, et ce, indépendamment du niveau des symptômes. Aussi, mettre en avant cette caractéristique des patients (l’exacerbation), primordiale à évaluer et donc à cibler, était un élément déterminant pour que cette nouvelle classification A/B/E soit adoptée par la SPLF. »
La mise en avant de l’exacerbation a été primordiale pour reconnaître cette classification
Dr Lucile Regard
Tout comme les classifications 2017 et 2011, les seuils utilisés pour distinguer les groupes A et B ne reposent pas toujours sur des données scientifiques solides, et restent donc un point critique de cette classification, mais qui est mineur par rapport aux bénéfices attendus à son utilisation. Autre limite de cette classification, la non prise en compte de certaines comorbidités – pathologies cardiovasculaires, syndrome métabolique, dépression, ostéoporose – en dépit de leur influence sur le pronostic chez les patients BPCO.
Non à la stratégie thérapeutique
La nouvelle classification s’accompagne de propositions thérapeutiques qui ne sont, à l’heure actuelle, pas soutenues par la SPLF : « Les propositions émanant de la SPLF sur la prise en charge pharmacologique de la BPCO à l’état stable reposent sur l’évaluation des symptômes que sont la dyspnée et les exacerbations, mais pas sur le stade Gold, contrairement à ce qui est proposé dans le rapport 2023. Les recommandations de la SPLF doivent pour l’instant rester la référence en France », plaide la Dr Regard. La SPLF a toutefois initié une réflexion en vue d’une actualisation de sa position publiée en 2021.
« En l’état, l’utilisation de la classification Gold actuellement préconisée par la SPLF est donc limitée à l’évaluation de la typologie des patients et des cibles correspondantes de leur prise en charge (dyspnée/exacerbations) et à la communication entre professionnels de santé sur ces thèmes », a conclu le groupe de travail BPCO de la SPLF.
Entretien avec la Dr Lucile Regard, hôpital Cochin (AP-HP)
Article précédent
Comment la pollution cause le cancer : découverte du chaînon manquant
Article suivant
Objectif modération : le maître mot des prochaines recommandations les pneumopathies aiguës communautaires (PAC)
CPHG, SPLF, SAR : les priorités des instances de la pneumologie pour 2024
Comment la pollution cause le cancer : découverte du chaînon manquant
La SPLF se rapproche de la classification Gold 2023… sans en adopter la stratégie thérapeutique
Objectif modération : le maître mot des prochaines recommandations les pneumopathies aiguës communautaires (PAC)
Traitement étiologique de l’HTAP : un espoir pour les malades les plus sévères
Le nouveau DES de pneumologie a trouvé sa place dans les services
Les projets de la Fondation du souffle pour 2024
ParcoursPro online : un outil pour enregistrer dès maintenant ses actions de certification
Un collectif réunissant professionnels et patients pour un droit universel à respirer
Les pneumologues pleinement investis pour la santé publique
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?