L’espacement ou la diminution des doses de biothérapies, notamment des anti-TNF, chez des patients ayant un rhumatisme inflammatoire chronique (RIC) bien contrôlé est un objectif souhaitable à atteindre, tant concernant les effets indésirables à long terme, la qualité de vie du patient que le coût pour la société. Alors que de nombreuses études ont été menées sur le sujet dans la polyarthrite rhumatoïde (PR), il en existe très peu dans la spondyloarthrite axiale (SpA), d'où l'intérêt des premiers résultats présentés à l’EULAR (1). Il s’agit d’une étude multicentrique française, randomisée, de non-infériorité, comparant un bras maintien (poursuite du traitement anti-TNF) à un groupe dans lequel les injections d’anti-TNF sont espacées, selon un protocole établi et l’évolution de la maladie.
Un espacement possible
Préalablement traités par un anti-TNF depuis plus de six mois, 398 patients atteints de SpA, répondant aux critères ASAS et en faible activité (BASDAI < 4) pendant au moins 12 mois, ont été inclus dans 23 centres français (197 dans le groupe espacement et 201 dans le bras maintien). À terme, l’analyse a porté sur 389 patients, dont 71,2 % étaient des hommes. L’âge moyen était de 44,3 ans et l'index d'activité de la SpA (BASDAI) à l’inclusion de 1,45 (± 1,02). Les visites étaient effectuées tous les trois mois, avec mesure du BASDAI.
À 12 mois, la non-infériorité a été démontrée, avec 88 % de faible activité dans le groupe espacement versus 91,5 % dans le bras maintien. Chez la plupart des patients dont la SpA avait progressé au-delà du seuil de BASDAI < 4, la reprise du schéma thérapeutique antérieur a contrôlé la maladie.
Ainsi, il apparaît possible (peut-être plus facilement que dans la PR) d’augmenter l’intervalle entre deux injections d’anti-TNF chez des patients avec un BASDAI < 4, à condition d’un suivi strict tous les trois mois.
Des facteurs associés à la rémission ?
L’évolution de la SpA est très variable. L’obtention d’une rémission (selon le score ASDAS-CRP) est un objectif important. Mais les données sur la rémission sont rares dans les SpA. Ainsi, une étude réalisée sur la cohorte française DESIR de SpA récentes avait pour objectif d’évaluer le taux de rémission à cinq ans et d’identifier les facteurs associés (2).
L’analyse a porté sur 449 patients : 247 recevant un anti-TNF et 202 non traités par anti-TNF. La rémission était définie par un score ASDAS-CRP < 1,3. À cinq ans, le taux de rémission atteint 31 % chez les patients non traités par anti-TNF (55 % d’hommes, âge moyen 39,8 ans, 58 % sous AINS). Il est plus faible chez les patients ayant eu besoin d’un traitement anti-TNF : 17 % (71 % d’hommes, âge moyen 36,1 ans, 29 % sous AINS). En analyse multivariée, les facteurs initiaux prédictifs de la rémission à cinq ans sont : un antécédent d’arthrite (OR = 2,1, IC 95 % 1,2 -5,3) chez les patients non traités par anti-TNF et un haut niveau d’éducation (OR = 2,9, IC 95 % 1,6-5,1) chez les patients recevant un anti-TNF. Les facteurs négativement associés à la rémission à cinq ans sont un BASDAI élevé, un faible niveau éducationnel et le surpoids lors de l’inclusion.
(1) Lukas C et al. Abst OP 0138.
(2) Pina Vegas L et al. Abst OP 0052.
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