Les anti-infectieux à l’ère de la longue durée d’action

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Publié le 04/04/2024
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Afin de contourner la problématique du manque d’observance aux traitements, les formulations à longue durée d’action suscitent un engouement particulier en infectiologie. Au-delà du VIH, d’autres pathologies comme les hépatites ou la tuberculose pourraient en bénéficier.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Comme pour de nombreuses affections au long cours, les pathologies infectieuses qui nécessitent un traitement prolongé peuvent se heurter à des problèmes d’observance compromettant leur efficacité. D’où le développement, ces dernières années, d’anti-infectieux de longue durée d’action qui puissent se substituer aux traditionnels traitements oraux à prise quotidienne.

VIH, du curatif au préventif

Le processus est bien engagé pour le VIH, avec plusieurs traitements de longue durée d’action déjà disponibles dans le monde. Si de plus en plus d’études confirment leurs bonnes performances en curatif, ces nouvelles galéniques se positionnent aussi désormais en préventif. Ainsi, en prophylaxie pré-exposition (PrEP), une supériorité du cabotégravir intra-musculaire administré toutes les 8 semaines (versus PrEP orale) a été démontrée. Par ailleurs, depuis plusieurs années, des données s’accumulent quant à l’efficacité, la sécurité et la désirabilité d’un anneau vaginal de dapivirine – disponible dans plusieurs pays d’Afrique – en prévention du VIH.

Toujours dans le VIH, grâce à de récents progrès galéniques, l’offre d’antirétroviraux de longue durée d’action devrait se diversifier : injections sous-cutanées (moins douloureuses et plus commodes que les intra-musculaires), implants sous-cutanés, formes à très longue durée d’action, etc.

Hépatite C, vers un traitement « one shot » ?

Les autres maladies infectieuses ne sont pas en reste. Pour la tuberculose par exemple, de la bédaquiline à longue durée d’action devrait être prochainement testée en phase 1, et des nanosuspensions à longue durée d’action de rifapentine sont en développement. Dans l’hépatite B, un implant de ténofovir alafénamide testé auprès de quelques femmes semble capable de délivrer l’antiviral pendant un an – avec toutefois une toxicité locale importante. Enfin, dans l’hépatite C, une suspension de glécaprévir et de pibrentasvir pourrait permettre d’atteindre des concentrations plasmatiques efficaces pendant plus de 8 semaines, ouvrant la voie à un traitement « one shot ».

D'après les sessions « The End of Oral? How Long-Acting Formulations Are Changing the Management of Infectious Diseases » et « Promise and Pitfalls of Biomedical Prevention: Beyond Phase III »


Source : Le Quotidien du Médecin