Les décès par syndrome coronaire aigu (SCA) peuvent survenir chez des patients ayant une coronaropathie connue mais aussi chez des sujets sans aucun antécédent coronarien, ce qui pose la question des mesures de santé publique qui pourraient être mises en place. Sur la base des trois registres français Monica, 22 539 décès par SCA ont été colligés entre 2010 et 2018. Parmi eux, 14 929, soit les deux tiers, concernaient des patients sans antécédent coronarien connu.
Chez les patients les plus jeunes, âgés de 35 à 44 ans, l’infarctus fatal était inaugural dans 90 % des cas.
La majorité des décès surviennent chez des patients jeunes sans antécédents connus
En l’absence d’antécédent coronaire, 77,6 % des décès sont survenus en milieu extra-hospitalier, comparativement à 53 % chez les victimes qui avaient des antécédents. Le taux de décès dans l’heure suivant le début des symptômes était plus élevé dans les infarctus inauguraux (44,9 vs 35,7 %).
L’analyse de l’évolution des taux de décès dans le temps met en évidence une réduction plus marquée chez les coronariens connus que dans les cas incidents, ce qui témoigne des progrès de la prévention secondaire. Mais, ce travail le souligne bien, la majorité des décès surviennent chez des patients jeunes sans antécédents connus. Cela met en avant l’importance de la prévention primaire, du dépistage des sujets à risque et des campagnes d’information sur les symptômes qui doivent alerter et sur les gestes qui sauvent.
Les disparités femmes-hommes persistent
Un autre travail, mené à partir de l’analyse des registres de trois régions françaises, montre qu’il existe toujours une disparité entre femmes et hommes quant au risque de récidive précoce, dans l’année suivant un premier syndrome coronaire aigu. Dans cette cohorte de plus de 15 000 SCA, le taux de récidive a été de 7,6 % chez les femmes contre 6,4 % chez les hommes (p = 0,009).
Après ajustement, il apparaît que cette différence ne tient pas au sexe mais à l’âge plus élevé des femmes (59,5 vs 57,3 ans), à la plus grande fréquence des symptômes atypiques (34,3 vs 27,2 %) ou encore au moindre recours à l’angioplastie (67,7 vs 80,8 %).
De plus en plus de consommateurs
En France, la consommation de drogues illicites, en particulier cannabis, cocaïne et opioïdes, dont on connaît les liens avec la survenue d’un infarctus du myocarde, a très nettement augmenté ces dernières années. Il faut rechercher systématiquement ce type de consommation à l’interrogatoire, et par des tests urinaires chez les patients les plus jeunes.
Une analyse, menée à partir des données administratives sur la période de 2010 à 2022, a inclus tous les patients hospitalisés pour un infarctus du myocarde dans l’un des 1 546 centres français, soit 1 011 706 cas. Si la proportion de patients très jeunes (âgés de 18 à 25 ans) est restée stable au cours de cette période, passant de 0,12 à 0,13 %, l’usage de drogues illicites dans cette population a connu une forte croissance, de près de 50 %, passant de 9,7 à 14,9 %, alors que le pourcentage de fumeurs n’a pas évolué (33,1 en 2010 vs 32,2 en 2022). Chez les patients de plus de 25 ans, la consommation de drogues illicites est moins fréquente que chez les plus jeunes mais elle a aussi augmenté, passant de 0,3 % à 1,1 %.
JeSFC 2024 Abs. 201, 181 et 172
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