Chaque année, environ 10 % des femmes de 20 à 59 ans sont victimes de violences conjugales. Cela a des conséquences sur leur santé mentale, physique et leur mortalité des femmes. Quant aux enfants, ils en sont toujours co-victimes. En 2016, dans le cadre de travaux de thèse, la Dr Manon Dautrevaux, médecin généraliste à Ars Laquenexy (Moselle) a réalisé une revue de la littérature pour étudier les freins au dépistage et à la prise en charge des violences conjugales en soins primaires. Ce travail a, notamment, mis en évidence le manque de connaissance des professionnels de santé sur cette problématique.
Pour les former ces derniers, la Dr Dautrevaux a créé une fiche en trois parties (j'agis, j'identifie, j'oriente) qu'elle a proposées aux professionnels de soins primaires comme outil de formation et fiche mémo à garder au cabinet. Elle synthétise les différents types de violences subies, les signes d'alerte, les moyens d'aborder le sujet avec les patientes et d'évaluer le danger. Elle donne des outils pour établir un climat d'écoute et de confiance, pour pratiquer un examen clinique, établir le certificat initial de coups et blessures. Mais aussi, pour orienter les femmes vers les professionnels adéquats afin de garantir leur sécurité et celle de leurs enfants.
Professionnels de soins primaires
Une mise en application de ce projet a été entreprise en Meuse, en collaboration avec l'Agence régionale de Santé (ARS), le Conseil départemental de l'Ordre des médecins, le Centre d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) de la Meuse et les délégués départementaux aux droits des femmes. Ce projet, qui comportait deux sessions, a été réalisé sous forme d'un développement professionnel continu pluriprofessionnel. Lors de la première session, un médecin et des membres de l'association CIDFF ont présenté les différents types de violence conjugale, ont transmis quelques données chiffrées nationales et locales, et ont présenté les différentes structures qui interviennent en Meuse (notamment les lieux d'hébergement pour les victimes). Une seconde session de formation avait pour intervenant un médecin légiste, une psychologue de l'unité médicojudiciaire du CHRU de Nancy ainsi que des procureurs de la République. Cette session était axée sur le certificat initial de coups et blessures, sur la prise en charge pénale et sur les enfants co-victimes.
Davantage de cas dépistés et orientés
« Nous avons évalué par questionnaire l'impact de cette formation auprès de 32 participants (sur les 66, au total) : généralistes, infirmiers, pharmaciens, kinésithérapeutes, orthophonistes, sages-femmes et dentistes », affirme la Dr Audrey Ronchi, médecin généraliste à Marly (Moselle). Cette évaluation s'est faite avant la formation, 3 et 9 mois après. « Elle a montré que les professionnels de santé avaient globalement renforcé leurs connaissances sur les violences conjugales et les moyens d'agir pour aider les patientes. Ces connaissances sont restées stables 9 mois après la formation. Les professionnels de santé avaient également augmenté le nombre de cas dépistés après la formation. Leurs conseils d'orientation aux patientes étaient, en outre, nettement améliorés. Il s'agit donc d'une formation qui gagnerait à être proposée, prochainement, au niveau national », conclut la Dr Ronchi.
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