Si le risque de maladies cardiovasculaires (MCV) augmente fortement après la ménopause, les femmes de moins de 50 ans ne peuvent se retrancher complètement derrière la protection conférée par les œstrogènes : 11 % des admissions à l’hôpital pour infarctus du myocarde (IDM) surviennent chez des femmes de moins de 50 ans. De plus, l’incidence des MCV est en forte croissance chez les « jeunes » patientes : entre 2004 et 2014, les hospitalisations pour syndrome coronarien aigu (SCA) chez les moins de 65 ans ont crû de 19,6 % ; la hausse la plus prononcée étant observée chez les patientes de 45 à 54 ans admises pour infarctus du myocarde avec élévation du ST.
Dans cette population censée être protégée par les œstrogènes, « cette progression du SCA est inquiétante », souligne le Dr Stéphane Manzo-Silberman (hôpital Lariboisière, Paris), coordinatrice de l’étude française Wamif, qui a porté sur l’infarctus des femmes de moins de 50 ans. Avec cette étude prospective multicentrique observationnelle, « nous avons réalisé la première analyse descriptive systématique intégrant des paramètres morphologiques, biologiques et cliniques avec des données hormonales et immunologiques chez les jeunes femmes présentant un IDM », précise la cardiologue.
L’hygiène de vie en cause
Trois cent quatorze cas survenus entre mai 2017 et juillet 2019 ont été analysés. Tous les âges sont concernés (moyenne d’âge 43 ans), la benjamine de cette cohorte ayant 19 ans. Parmi les facteurs de risque, on retrouve comme attendu le surpoids et l’obésité, mais aussi des antécédents de grossesse compliquée (prééclampsie, diabète gestationnel). Surtout, « selon nos résultats, 75 % des femmes ayant fait un infarctus sont tabagiques actives », souligne le Dr Manzo-Silberman. Ainsi, si les mécanismes sous-jacents de l’IDM prématuré chez les jeunes femmes restent en grande partie à définir, le tabac compte parmi les principaux facteurs de risque. De fait, le tabac confère un risque six fois plus important d’infarctus du myocarde chez la femme comparativement à l’homme, et une femme jeune qui fume multiplie par 13 son risque d’infarctus par rapport à une non fumeuse. Plus généralement, « l’envolée des SCA et des IDM observée dans cette population est à mettre sur le compte d’une détérioration de leur hygiène de vie avec, outre le tabac, plus d’obésité et de sédentarité mais aussi plus de stress psychosocial, estime la cardiologue. C’est pourquoi les généralistes ont un rôle de prévention essentiel. »
Infarctus de la femme jeune, une hausse qui interpelle
Par
Publié le 25/05/2021
- 0 RéactionsCommenter
- Partager sur Facebook
Facebook
- Partager sur X
X
- Partager sur Linkedin
Linkedin
- Partager par mail
Mail
Article réservé aux abonnés
Alors que l’incidence des infarctus est en hausse chez les 45-54 ans, l’étude Wamif met en exergue le poids du tabagisme dans cette augmentation.
Crédit photo : Adobe Stock
- 0 RéactionsCommenter
- Partager sur Facebook
Facebook
- Partager sur X
X
- Partager sur Linkedin
Linkedin
- Partager par mail
Mail
Source : Le Généraliste
Article précédent
Diabète, le rôle de la ménopause sous-estimé ?
Article suivant
Syndrome de l’intestin irritable et alimentation : des liens à préciser
Endométriose, la détection précoce en ligne de mire
Les attentes des patientes en mutation
Diabète, le rôle de la ménopause sous-estimé ?
Infarctus de la femme jeune, une hausse qui interpelle
Syndrome de l’intestin irritable et alimentation : des liens à préciser
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature