La réhabilitation respiratoire fait partie intégrante de la prise en charge de la BPCO. Cependant, en pratique, trop peu de patients (environ 10 %) en bénéficient réellement. Cette trop faible prescription pourrait s’expliquer, entre autres, par l’information insuffisante des généralistes et le nombre trop limité de structures en France. Une étude quantitative, descriptive, monocentrique a ainsi été réalisée au centre de réadaptation du Moulin Vert de Nieuil-l’Espoir.
33 médecins généralistes (dont 27 thésés avant 2005, date de la parution du plan gouvernemental BPCO) ayant des patients de plus de 40 ans qui ont bénéficié d’une réhabilitation respiratoire pour une BPCO posttabagique (entre 36 et 12 mois avant le début de l’inclusion) ont répondu à un questionnaire.
En ce qui concerne le dépistage, malheureusement, la mise en œuvre du plan BPCO de 2005 n’a pas permis d’améliorer les pratiques. Seulement 45,5 % des médecins interrogés disent utiliser un débitmètre de pointe (peak flow) comme mesure du souffle pour le diagnostic de la BPCO. Il est cependant rassurant de constater que 39,4 % des médecins de l’étude (essentiellement ceux exerçant en groupe) se disent intéressés par la réalisation de spirométries au cabinet après la prise en charge de leur patient en réhabilitation respiratoire.
Une modification positive des pratiques
L’objectif principal de l’étude était de montrer que la réhabilitation respiratoire pouvait être l’occasion d’une communication permettant au médecin traitant d’améliorer la prise en charge de la BPCO.
Seuls 4 médecins sur les 33 (12,1 %) avaient adressé un patient au pneumologue à cette fin – pourtant, 23 (près de 70 %) connaissaient un établissement de réhabilitation respiratoire. Après la prise en charge d’un de leurs patients, le nombre de médecins adressant les patients au pneumologue en pensant à une réhabilitation respiratoire passe à 17 (51,5 %) – preuve de l’efficacité de la réhabilitation sur cet aspect.
Plusieurs médecins contactés par téléphone ont invoqué le fait qu’ils ne savaient pas comment prescrire une réhabilitation respiratoire, notamment lorsqu’ils souhaitaient que celle-ci soit réalisée au domicile. Il semble donc important de communiquer sur le fait que la réhabilitation respiratoire se fait au sein de structures hospitalières, ambulatoires ou de réseaux déjà établis, sur lesquels les médecins peuvent se renseigner sur le site du groupe Alvéole de la SPLF. Après le stage, 93,9 % des médecins s’enquièrent également du maintien de l’activité physique.
Moins découragés par le sevrage tabagique
Les objectifs secondaires étaient de vérifier que les médecins généralistes avaient compris l’intérêt et les enjeux de l’après-réhabilitation, et que celle-ci leur permettait de contourner la problématique de l’arrêt du tabagisme. 45,5 % des médecins se disent, en effet, découragés par le sevrage tabagique. 48,5 % des médecins participants ont déclaré que la réhabilitation respiratoire pouvait leur permettre de contourner l’obstacle de l’arrêt du tabagisme, et 27,3 % qu’ils se sentaient moins limités par le tabac.
En conclusion, la réhabilitation respiratoire devrait être promue de manière plus soutenue dans la formation primaire des médecins comme traitement à part entière de la BPCO, et il serait bénéfique d’éclaircir les modalités d’entrée des patients, la crainte d’une prescription et d’une coordination complexes semblant être des freins pour de nombreux généralistes.
Communication du Pr Jean-Christophe Poutrain (Toulouse)
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