Il est 18h15 ce mardi 14 novembre. La nuit est tombée sur le campus de l'Université Paris-Saclay et les occupants quittent progressivement les lieux… Hormis quelque 500 étudiants en parcours d'accès spécifique santé (PASS) et licence option santé (L.AS) de la faculté de médecine pour qui la journée n'est pas tout à fait finie.
Comme tous les mardis et jeudis depuis mi-septembre, la majorité de la promotion de ces deux filières — qui ont remplacé la PACES — va bénéficier de l'accompagnement pédagogique proposé par le tutorat de l'université. Gérée par une centaine d'étudiants de deuxième année, cette structure associative propose un accompagnement destiné à préparer au mieux les étudiants à l'entrée toujours très sélective en deuxième année.
Donner une méthode efficace
Ressources pédagogiques, mise à disposition de fiches, exercices types, examens blancs, travaux dirigés, oraux blancs… La préparation se veut la plus complète possible. « Nous avançons au rythme des cours, nous ciblons des exos types et donnons une méthode efficace que les étudiants pourront réutiliser par la suite », explique Assma, étudiante en deuxième année et responsable de la biophysique.
Ce mardi soir, pour cette session, le programme est chargé ; examen blanc sur les médicaments pour les filières L.AS et travaux dirigés de physique sur la mécanique des fluides et le transport membranaire pour les PASS. Pendant deux heures, les étudiants en filière PASS reçoivent les corrections et les explications d'un exercice qu'ils ont dû préparer en amont. L'exercice en question, préparé par les tuteurs en lien étroit avec les professeurs de l'université, porte sur l'équilibre de Donnan. « Si vous avez des questions ou si voulez qu'on reprenne un point, n'hésitez pas », ponctuent régulièrement les encadrants.
Pour les étudiants qui bénéficient de ce tutorat, comme Dahlia, inscrite en PASS, ce soutien est indispensable. « Mes parents ne pouvaient pas se permettre de me payer une prépa privée. Heureusement, j'ai entendu parler du tutorat par des proches qui ont réussi à passer la première année sans prépa, je me suis dit : pourquoi pas moi ! Le tutorat permet d’approfondir certaines notions importantes car, en cours, tout n'est pas aussi détaillé et les explications données par les professeurs vont souvent très vite. Sans ça, je pense que ça aurait été très compliqué pour moi. J'aurais sûrement été à la ramasse par rapport aux autres », confie-t-elle.
Compagnonnage
Proposé à un prix symbolique (de zéro à 30 euros l'année), le tutorat universitaire a l'avantage d'être beaucoup plus accessible qu'une prépa privée. « Ce que l'on souhaite, c'est accompagner les étudiants peu importe le niveau de revenus des parents. Le but n'est pas de récolter de l'argent mais d'aider comme nous avons pu être aidés l'année dernière ! C'est comme une tradition, chaque P1 qui réussit à envie de redonner la même chose l'année suivante », avance Manon Poilvert, étudiante en deuxième année de médecine et responsable pédagogique du tutorat.
Du côté des tutorés, cet esprit de compagnonnage est très apprécié. « C'est un vrai plus d'avoir leurs conseils et ça fait surtout du bien d'échanger avec des personnes qui ont vécu la même chose. C'est un retour que l'on n’a pas forcément avec les prépas », fait valoir Dalhia. Entre prépa privée et tutorat, Trinité, a longtemps hésité. « Au début, je comptais suivre une prépa mais rapidement je me suis rendu compte que les cours me prendraient trop de temps. Je préfère me concentrer sur mes révisions personnelles. Le tutorat, c'est un bon compromis niveau temps et argent », tranche-t-elle.
Soutien moral
Outre cet accompagnement pédagogique, le tutorat propose aux étudiants un soutien moral en organisant régulièrement des journées bien-être. « C'est une année très difficile et stressante, il est important de leur proposer des moments de détente et de coupure », estime Manon. « Les prépas privées négligent souvent cet aspect », poursuit à son tour Assma évoquant sa propre expérience. Pour Trinité, qui a participé à une journée bien-être lors de sa pré-rentrée, « cette bienveillance fait toute la différence ». « Ils font tout pour qu'on vive au mieux cette année et qu'on soit dans les meilleures conditions possibles pour réussir. Je ne m'attendais pas à autant de solidarité en arrivant ici », reconnaît-elle.
Pour assurer un accompagnement personnalisé au long cours, le tutorat a mis en place un système de parrainage. « On matche des étudiants de première année avec des "deuxièmes années". Il faut que ce soit des duos qui collent bien, qui visent les mêmes filières. Les parrains doivent envoyer régulièrement des messages pour que les "premières années" restent motivées », explique Assma. En cas d'échec en PASS ou L.AS, le tutorat de Paris-Saclay aide aussi les étudiants à se réorienter.
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