En 2021, après avoir fini ses études, Camille* a – comme plusieurs milliers de jeunes généralistes – opté pour l’activité remplaçante afin d’affiner son projet d’installation. Après deux ans de remplacement fixe dans la région alsacienne puis à Saumur, dans le Maine-et-Loire, la jeune femme de 30 ans et son compagnon décident, l’année dernière, d’avoir un enfant. « Je suis tombée enceinte rapidement sans avoir vraiment le temps de parler de ce projet à mes collègues », confie-t-elle.
Désireuse de travailler le plus tard possible pour profiter d’un congé postnatal plus long, elle continue les consultations. « Au vu de mon rythme de travail, mon médecin a préféré faire un examen pour vérifier que c’était possible. Mais il a estimé que je n’étais plus apte à travailler et m’a mise en arrêt de travail. J’ai au départ refusé car je ne voulais pas abandonner mes patients et que, sur le plan financier, je savais que ça allait être plus compliqué ».
En tant que remplaçant tu n’existes pas vraiment auprès de la Sécu
Camille
Ralentir ?
À cet instant, la praticienne pense être en mesure de ralentir la cadence et de limiter ses mouvements tout en poursuivant son activité. Mais deux jours après, elle se rend à l’évidence et accepte de s’arrêter. Elle lance alors les démarches pour déclarer le début de son congé maternité et anticiper la fin de son arrêt. « C’était assez compliqué car, en tant que remplaçant tu n’existes pas vraiment auprès de la Sécu. J’ai aussi compris à ce moment-là que je n’allais pas bénéficier des mêmes aides que si j’avais été installée ».
De fait, les remplaçants sont exclus de l’avantage supplémentaire maternité (ASM), un droit pourtant ouvert aux installés depuis 2017. Une injustice aux yeux du Dr Raphaël Dachicourt, président du syndicat des jeunes médecins généralistes installés et remplaçants (Reagjir). « Même s’il est évident que le montant des charges n’est pas le même que celui des médecins installés, les remplaçants font aussi face à des frais (cotisations sociales et CARMF, prévoyance, assurances, etc.) pendant leur congé parental. Ils n’ont généralement pas de réserves de trésorerie pour y faire face paisiblement », regrette-t-il.
La souscription à une prévoyance santé peut s’avérer utile. « Si je n’y avais pas souscrit, ça aurait été très compliqué sur le plan financier », admet Camille qui a pu percevoir – avec quatre mois de retard – une allocation d’environ 2 500 euros durant son congé maternité. « Heureusement qu’on a pu puiser, en attendant, dans ce qu’on avait mis de côté », philosophe-t-elle. Mais prudence sur les clauses du contrat (entre la date de conception et le début de la souscription). « Il faut bien anticiper et calculer », résume la généraliste.
*Son prénom a été modifié
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