L'attachement des médecins à l'exercice isolé est resté longtemps ancré dans la pratique libérale. Le basculement vers le modèle regroupé, puis pluriprofessionnel, s'est fait progressivement sur cinq décennies. Tout commence en 1966 avec la création de la société civile de moyens (SCM), permettant aux libéraux de mettre en commun du matériel, du personnel et des locaux. Au début des années 80, 30 % des médecins ont adopté ce statut. Dans les années 90, la société d'exercice libéral (SEL) accélère cette dynamique. La pratique en cabinet de groupe (au moins deux praticiens dans un même lieu) permet de partager les contraintes de continuité des soins (remplacements, PDS) et laisse place accrue à la formation continue. Elle est également associée à l’encadrement des étudiants et s’appuie plus fréquemment sur les outils informatiques.
À la fin des années 2000, l'exercice au sein de structures pluripro (maisons et pôles de santé pluridisciplinaires – mais aussi renouveau des centres de santé) devient un levier d'attractivité (plébiscité par les jeunes) et de lutte contre les déserts médicaux. La MSP est constituée d’au moins deux généralistes et d’un paramédical. Elle se distingue des pôles de santé, qui ont la même diversité mais sur plusieurs sites. La loi HPST (2009) créé la société interprofessionnelle de soins ambulatoires (SISA) donnant un cadre juridique et fiscal sécurisé pour les pionniers. Après l'expérimentation de nouveaux modes de rémunération, des premiers accords conventionnels interprofessionnels (ACI) permettront de toucher des financements réguliers. La dynamique est lancée.
Nouvelle étape, la loi Touraine innove en 2016 avec les équipes de soins primaires (ESP) et les communautés pluriprofessionnelles territoriales de santé (CPTS), censées structurer l'offre libérale en miroir de l'hôpital. Mais faute de financement pérenne, ces organisations libérales végètent. En 2017, Emmanuel Macron décrète la fin de l'exercice médical en solo à l'horizon 2022 et souhaite « un millier » de CPTS à cette date. Des négociations (en cours) doivent concrétiser la généralisation de l'exercice coordonné.
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