Hammamet en douceur

Célébrée depuis les années 1920, la nostalgique cité du cap Bon sait aussi échapper à l'image de l'hôtellerie de masse pour redevenir le lieu d'un autre genre, pour un séjour privilégié dans une Tunisie accueillante qui ne se résume pas à ses plages de sable blond et à son soleil.

Cette jolie station balnéaire, qui attira de 1920 à l'après-guerre la jet-set internationale, a su conserver son charme. Elle nous offre sa douceur de vivre, ses vingt kilomètres de plages immaculées - les plus belles d'Afrique du Nord, dit-on -, son climat doux toute l'année. Cependant, avec ses nombreux hôtels en file ininterrompue, Hammamet, située à 63 km de la capitale, au sud du cap Bon, n'est pas seulement devenue une des cités balnéaires prisées d'une Tunisie du soleil et de la mer. Elle est restée un village qui a gardé son âme d'antan, qui séduit et toujours inspire.
Pour s'en rendre compte, il suffit de se promener le soir dans les étroites ruelles blanches et tortueuses de la médina, d'admirer ses maisons aux portes de couleur ouvertes sur des cours intérieures qui promettent à l'œil à la fois curieux et discret des merveilles d'authenticité. Et ce plaisir ne serait pas total si on ne terminait cette balade sur les remparts de la citadelle datant du XVe siècle. La vue sur la baie illuminée, les terrasses des maisons et les bazars y est superbe.

La villa Sebastian

Superbe, également, est la somptueuse villa (sur la route de Sousse) que Georges Sebastian, milliardaire roumain, se fit construire dans les années 1920 et qui devint le point de ralliement de l'intelligentsia européenne. André Gide, Paul Bernanos, Paul Klee ou Man Ray furent quelques-uns des invités de cette demeure à l'architecture contemporaine et minimaliste de style arabe inspirée de l'habitat traditionnel. Elle sera considérée comme l'une des plus belles réussites architecturales de l'époque. La Seconde Guerre mondiale fera de ce petit paradis tour à tour le quartier général du maréchal Rommel puis le bureau de l'illustre Churchill qui y écrivit ses Mémoires. La paix revenue, beaucoup imitèrent Sebastian et se firent bâtir de belles villas accueillant la nouvelle jet-set ; et des hôtels suivirent, discrets, lovés dans les palmeraies. Le milliardaire esthète lança donc cette station balnéaire et la Riviera tunisienne lui en est reconnaissante.
L'Etat, propriétaire des lieux depuis 1959, a transformé le palais en centre culturel, lui ajoutant par la suite un théâtre à l'antique construit par l'architecte Paul Chemetov - célèbre pour la Grande Galerie du Muséum d'histoire naturelle de Paris - qui accueille chaque été depuis 1964 un festival international de théâtre et de musique, le second après celui de Carthage. Ce théâtre ouvert sur le jardin planté d'eucalyptus et la mer turquoise bénéficie d'une acoustique exceptionnelle et, malgré son architecture de béton brut, rappelle étrangement Epidaure.
Hammamet, comme la Tunisie dans son ensemble, fut source d'inspiration pour nombre d'artistes et auteurs ; ainsi de Gustave Flaubert, qui choisit Carthage pour cadre de son roman « Salammbô » : le nom qu'a choisi Jet Tours pour son dernier hôtel inauguré à Hammamet en juin dernier, l'Eldorador Salammbô.
L'histoire de la Tunisie est riche et ses sites et vestiges anciens nombreux et fabuleux. Comme la cité punique Carthage fondée en 814 avant J.-C. - rasée par les légions romaines malgré les efforts de son illustre défenseur Hannibal, rebâtie par les Romains, puis rasée de nouveau par les Arabes. Le site est inscrit au Patrimoine de l'humanité. Ou Sidi-Bou-Saïd, village joyau surplombant la cité punique et la baie de Tunis. Et à Tunis, l'on ne manquera pas le musée national du Bardo, ancienne résidence du bey, qui est la véritable mémoire de l'histoire tunisienne et où la plus riche collection de mosaïques de pavement romaines du monde est conservée.
Souvent convoitée ou même conquise, la Tunisie nous invite aujourd'hui à sa (re)découverte, à l'échange.