ANNE FONTAINE s’est inspirée librement du livre d’Edmonde Charles-Roux, « l’Irrégulière », en se libérant « du diktat biographique ». On ne saurait le lui reprocher, d’autant qu’il y a beaucoup à raconter et à montrer : la fillette qui, chaque dimanche, à l’orphelinat, attend en vain son père ; la chanteuse de beuglant qui affronte un public de soldats éméchés ; la petite couturière condamnée à refaire des ourlets dans l’arrière-boutique d’un tailleur de province ; la jeune femme qui se veut libre mais doit accepter d’être entretenue ; l’amoureuse malgré elle. Des rôles qu’Audrey Tautou s’approprient comme il se doit - face, notamment, à un excellent Benoît Poelvoorde.
Parfois cela va lentement, pour faire comprendre l’état d’esprit de l’héroïne, d’autres fois très vite, surtout quand il s’agit de montrer l’esprit créatif à l’uvre. Trois coups de ciseau et fini le corset, voici la silhouette masculine. Quelques traits de craie sur un tissu et apparaît la petite robe noire. Un regard sur des pêcheurs, et c’est la marinière...
La réalisatrice a apporté beaucoup de soins à la reconstitution des décors des costumes. Les robes des femmes du monde débordent de falbalas, de bijoux, d’accessoires. C’est pour mieux montrer, bien sûr, le contraste avec la future mode Chanel. On en a plein les yeux. L’autre volant, c’est le romanesque. Coco ne veut pas être esclave d’un homme mais tombe follement amoureuse.
D’où vient alors que l’émotion est discrète ? L’ombre de la grande mademoiselle. « C’était pour moi très important que le film lui ressemble, qu’il n’y ait pas de chichi, pas de lyrisme esthétique », explique Anne Fontaine. Un choix qui a sans doute bridé sa propre créativité.
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