CINEMA/« Une éducation », de Lone Scherfig

Un esprit libre

Publié le 02/03/2010
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UNE LYCÉENNE qui se laisse séduire par un homme plus âgé, ce n’est pas très original. Mais l’histoire vécue au début des années 1960 par l’Anglaise Lynn Barber, devenue journaliste réputée, a inspiré un très joli scénario à Nick Hornby et un film sensible à la Danoise Lone Scherfig (« Italian for Beginners »).

Jenny a 16 ans et, élève brillante et très encadrée par son père, fait tout pour pouvoir entrer à Oxford. Jusqu’au jour où elle rencontre David, deux fois plus âgé qu’elle, qui lui fait découvrir les lumières de la vie londonienne, elle qui ne sort pratiquement jamais de son quartier quasi provincial.

La société de cette année 1961 est encore très corsetée. Jenny étudie dans un établissement uniquement féminin, professeurs compris, où la conduite est très surveillée et où l’on est menacé de renvoi en cas de perte de la virginité. Le film montre bien toutes les barrières qui enferment les filles, lesquelles n’ont pas vraiment de choix : ou elles se marient et sont soumises à leur époux, ou elles font des études supérieures et sont condamnées à la solitude. Mais Jenny est un esprit libre. Et c’est là tout le charme de cette éducation, sentimentale et sociale, qui lui permettra de trouver son chemin.

Carey Mulligan, justement nommée pour un oscar, est très bonne dans ce rôle. L’Américain Peter Sarsgaard n’est pas mal non plus, avec la difficilement résistible séduction du rôle. De même qu’Alfred Molina, père caricatural qui apporte une bonne dose d’humour, et Dominic Cooper, l’ami faussement superficiel. La musique de l’époque, dont deux chansons de Juliette Greco, parachève l’opération de séduction cinématographique.

R. C.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8720