« Les systèmes hospitaliers conventionnels sont à bout de souffle et ne permettent plus de répondre à la demande croissante de la population », rappelle le Pr Pierre Michelet (hôpital de La Timone, Marseille). Il faut donc développer des modes de prise en charge complémentaires. La médecine d'urgence a pour spécificité son caractère intra- et extrahospitalier, et c'est tout naturellement que la spécialité se tourne vers « l'outpatient care ». La télémédecine, au travers des consultations vidéos et de la transmission des données, représente l'une des pistes explorée dans ce cadre. La masse de données colligées permet en outre de nourrir les algorithmes de l'intelligence artificielle (IA), qui eux-mêmes apporteront de plus en plus une aide précieuse aux médecins urgentistes. L'IA va notamment connaître un développement majeur pour l'interprétation des images en radiologie, comme dans la lecture des ECG. En échographie notamment, l'implémentation de l'IA et des calculs automatiques va permettre aux médecins urgentistes de gagner en autonomie.
Utilisée pour l'organisation à l'intérieur même des services hospitaliers, l'IA peut aussi aider les soignants à gagner du temps. « On peut très bien imaginer qu'après une consultation aux urgences, un rendez-vous de spécialité soit pris de façon automatique et qu'une lettre au médecin traitant soit elle aussi générée automatiquement », estime le Pr Michelet. « In fine, en libérant les soignants des tâches administratives, l'IA dégagera du temps clinique, qui aujourd'hui fait défaut ».
Autre grand développement de la médecine du futur : le recours aux objets connectés, qui permettent de recueillir, avant l'arrivée à l'hôpital, au niveau du Smur, en Ehpad ou à domicile, des données utiles à la prise en charge des patients. Ces objets connaissent un véritable essor dans tous les domaines. « Par exemple, les pilotes de F1 sont équipés depuis 2018 de gants biométriques capables de mesurer en continu différents paramètres, rapporte le Pr Michelet. Des systèmes similaires peuvent avoir des applications en médecine d'urgence ».
Nos modes de communication et de transport vont aussi évoluer, avec le recours à des offres complémentaires aux véhicules d'intervention et aux hélicoptères, tels que les drones et les véhicules autonomes. « À Marseille, on estime que près de 30 % des interventions pourraient s'appuyer sur un autre moyen que l'envoi d'un véhicule classique », poursuit le Pr Michelet. Des expériences ont été menées avec des drones capables de larguer des bouées pour aider les nageurs en difficulté. Mais ces nouveaux modes de transport peuvent aussi livrer du sang, des médicaments ou encore des données biologiques.
Entretien avec le Pr Pierre Michelet
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