« L'adrénaline avait acquis une mauvaise réputation, suite aux données de registres qui avaient souligné son impact délétère sur le pronostic neurologique, notamment en cas d'administration de doses élevées », rappelle le Pr Frédéric Adnet (hôpital Avicenne, Bobigny). L'étude Paramedic 2, menée en double aveugle versus placebo sur plus de 8 000 patients victimes d'un arrêt cardiaque extra-hospitalier a confirmé une meilleure survie dans le groupe adrénaline, mais sans différence significative sur l'évolution neurologique (1). « Ces résultats nous confortent dans l'idée que l'adrénaline est efficace pour faire repartir le cœur, mais qu'elle ne fait pas mieux que le placebo pour le pronostic neurologique, indique le Pr Adnet. Des études sont en cours pour l'évaluer à plus faible dose ou en association à un bêtabloquant ».
Depuis une vingtaine d'années, une coronarographie est réalisée de façon quasi systématique dans les suites immédiates de tous les arrêts cardiaques d'origine médicale, en présupposant une cause coronarienne. Une vaste étude multicentrique randomisée, ayant inclus plus de 550 patients, publiée il y a quelques semaines, montre qu'il n'y a aucun bénéfice à faire systématiquement une coronarographie en l'absence de sus-décalage du segment ST à l'ECG après la réanimation (2). « La coronarographie reste recommandée en cas de sus-décalage de ST », précise le Pr Adnet.
Le recours à l'intubation a lui aussi été très débattu, car associé à une moindre survie sans séquelles que la ventilation au masque, sans doute par perte de l'efficacité du massage cardiaque lors de l'intubation. « Une large étude multicentrique randomisée franco-belge, ayant porté sur plus de 2 000 arrêts cardiaques extra-hospitaliers, n'a pas confirmé cette perte de chance », indique le Pr Frédéric Adnet. Les taux de survie ont été comparables, que les patients aient été ventilés au masque ou intubés lors de la prise en charge initiale.
« Quant à l'Ecmo (assistance ventriculaire percutanée), il s'agit d'une technique qui donne des résultats spectaculaires chez des patients très sélectionnés. Mais elle n'a malheureusement pas été évaluée dans le cadre d'un essai randomisé », conclut le Pr Adnet.
Entretien avec le Pr Frédéric Adnet
(1) Perkins GD et al. N Engl J Med 2018;379:711-21
(2) Lemkes JS et al. N Engl J Med 2019;380:1397-407
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