L’examen clinique de la cavité buccale renseigne généralement sur le tabagisme du patient. L’halitose est typique ; notons que le fumeur n’a pas, dans la majorité des cas, conscience de sa mauvaise haleine. Il existe également souvent des traces noires sur les dents. Les dents des fumeurs présentent généralement plus de dépôts.
Le tabac est un facteur de risque majeur de gingivite, qui évolue vers la parodontite. Parmi les signes révélateurs d’une éventuelle parodontite chez le fumeur : hyperkératose, mobilités dentaires, mauvaise haleine, suppurations, récessions gingivales, poches parodontales profondes… mais peu ou pas de saignements, car la vasoconstriction qu’entraîne l’usage du tabac masque les effets de l’inflammation. Ainsi, les fumeurs sont alarmés plus tardivement. Sur le plan esthétique, la destruction des tissus parodontaux peut entraîner des récessions gingivales.
Les mécanismes d’action du tabac sont complexes. Il est responsable d’une vasoconstriction des capillaires du tissu gingival, de la réduction de la réponse inflammatoire, d’un retard de cicatrisation par altération de la fonction des fibroblastes, et d’une diminution de la synthèse de collagène. La flore sous-gingivale est modifiée, ce qui favorise l’apparition de certains agents pathogènes très actifs dans la maladie parodontale. L’atteinte est toujours plus importante chez le fumeur et il existe une relation dose-effet. Les fumeurs de plus de 10 cig/j présentent une progression plus importante de la maladie parodontale, comparativement aux non-fumeurs ou aux anciens fumeurs. Lorsqu’elle n’est pas traitée, la parodontite peut entraîner la perte des dents.
Lors du traitement parodontal, la réponse tissulaire est amoindrie et le risque de récidive important.
Mais l’arrêt du tabac permet une réelle et rapide amélioration de l’irrigation des tissus gingivaux et de leur ré-oxygénation, dans un délai de 3 jours à 8 semaines d’arrêt du tabac.
Les patients atteints de maladies parodontales sont souvent diagnostiqués assez tard et sont donc sensibilisés à l’intérêt du sevrage dans le plan de traitement. L’éventualité de perdre leurs dents est un argument majeur. La chronicité de la maladie implique un suivi régulier tous les 6 mois et fournit un cadre dans la surveillance du patient, dans l’observance des conseils et permet au praticien de remotiver régulièrement les patients.
Mais le positionnement du chirurgien dentiste en tant que tabacologue n’est pas encore évident ; le suivi nécessite une organisation certaine. Évoquer le sujet, donner le conseil minimal (ce qui représente 2 % des arrêts), expliquer la maladie, dispenser des conseils et des brochures d’information, proposer une liste de correspondants tabacologues doit permettre de sensibiliser le patient et d’accepter d’entamer une démarche de sevrage.
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