L’allergie au vin a été décrite la première fois en 1980. Le diagnostic est souvent tardif car tous les vins ne sont pas concernés et les patients imputent généralement leurs manifestations allergiques aux aliments ingérés avec le vin plutôt qu’au vin lui-même. En outre, les allergologues ont tendance à penser que le vin est potentialisateur du phénomène allergique plutôt que responsable.
Les cas d’urticaire simple sont rarement décrits, il s’agit plutôt d’anaphylaxie modérée à sévère ; il existe aussi des cas d’anaphylaxie induite par l’effort. Les patients concernés sont souvent des sujets atopiques présentant une pollinose à l’armoise, au platane ou à certains aliments comme la pêche la cerise, le raisin. Les allergènes rencontrés dans la chaîne de vinification proviennent des hyménoptères (allergènes accidentels de guêpes tombées dans le raisin et présents dans le vin jeune), du raisin, des levures et des enzymes qui accélèrent la macération, du gluten et des colles de poisson utilisé dans la clarification des vins, des sulfites. Il faut aussi souligner l’hypersensibilité à l’éthanol.
Les allergènes du raisin
Il s’agit de l’endochitinase, des LTP (protéines de transfert lipidique) et de la protéine thaumatin like. La LTP joue un rôle majeur. La composition biologique moléculaire du raisin permet d’individualiser deux tableaux. Le premier incrimine les LTP du raisin chez des patients qui présentent une anaphylaxie au vin, isolée ou associée à la pêche ou aux rosacées avec souvent une sensibilisation, voire une allergie, à l’armoise ou au platane. Le deuxième tableau est celui de la sensibilisation par une protéine thaumatine-like avec allergies alimentaires (pomme et cerise).
Quant à l’allergie à l’éthanol, deux mécanismes pourraient l’expliquer. Un mécanisme d’hypersensibilité allergique immédiate médiée par les IgE et responsable, selon différentes études, d’anaphylaxie modérée à sévère. Elle survient rapidement après ingestion de vin (même à faible quantité). L’allergie est prouvée par des prick tests à l’acide acétique, les tests à l’alcool sont généralement négatifs. Il existe également des hypersensibilités non allergiques immédiates responsables, selon la littérature sur le sujet, d’un urticaire ou d’un syndrome oral avec une réaction plus tardive que la précédente (1 à 2 heures) et survenant après une plus grande consommation d’alcool. Les tests à l’acide acétique négatifs mais ceux au vin et à l’éthanol sont positifs.
En conclusion, si on soupçonne une allergie au raisin, les tests cutanés peuvent apporter le diagnostic en testant la peau, la pulpe et les pépins. Il faut tester l’acide acétique si on pense que l’éthanol est en cause. La prise en charge de l’allergie au vin consiste à traiter les symptômes dès qu’ils apparaissent et à l’éviction du produit. La littérature relève quelques cas de sujets (acharnés !) en désensibilisation depuis plusieurs années…
Communication du Dr Carine Metz-Favre, unité de pneumologie, allergologie et pathologie respiratoire de l’environnement, Nouvel hôpital civil, Strasbourg
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