L’allergie à l’œuf est un marqueur net d’un terrain atopique, et signifie le risque de développer des sensibilisations aux aéro-allergènes à partir de 3 ans. La prévalence à 30 mois a été estimée à 1,6 % et l’incidence cumulée à ce même âge à 2,6 %.
L’objectif de la réintroduction alimentaire est d’obtenir une tolérance, au moins partielle, pour limiter les risques de réaction sévère lors d’une éventuelle exposition accidentelle.
Depuis plusieurs années des études sont en faveur de la mise en place d’un protocole de tolérance alimentaire afin de modifier le seuil réactogène du malade ou de le supprimer pour obtenir une guérison définitive.
L’induction de la tolérance est mise en place à l’hôpital après la réalisation d’un Test de provocation orale (TPO) à l’œuf. Ce test permet de déterminer la dose réactogène pour l’enfant à traiter, et de proposer un protocole individualisé selon cette dose. Au cours de cette hospitalisation, une séance d’éducation thérapeutique est faite au lit du malade pour vérifier la trousse d’urgence, et apprendre à utiliser l’adrénaline auto?injectable. En outre, on s’assure de la bonne compréhension par les parents et par l’enfant de l’utilité d’un tel protocole, et de sa réalisation concrète.
Un protocole d’induction de tolérance par voie orale est donc remis aux parents.
L’induction sera proposée pour des enfants âgés le plus souvent de plus de 4 ans ayant eu une réaction clinique lors du TPO à l’œuf cuit ou bien peu de réaction, ou une réaction modérée au TPO avec de l’œuf cuit industriellement (TPO madeleine), pour ceux qui présentent une allergie particulièrement sévère.
La montée des doses puis le maintien de la dose choisie seront faits au domicile de l’enfant. Il est préconisé de la faire au retour de l’école ou en fin d’après?midi afin que les parents puissent surveiller l’enfant pendant 1 à 2 heures. Il ne doit pas y avoir d’activité sportive après la prise alimentaire. Les possibles facteurs aggravants tels que fièvre, prise d’anti?inflammatoire non stéroïdiens, virose, sont expliqués à la famille afin qu’elle diminue voire stoppe brièvement l’Immunothérapie orale (ITO).
En fonction de la dose réactogène, l’équipe de Toulouse propose de débuter l’ITO au 1/10 voire au 1/5 de la dose réactogène. Elle débute à 1 gr si possible, et propose aux familles d’augmenter progressivement la dose d’1 gr par mois selon la tolérance de l’enfant. La progression s’arrête à la moitié de la dose réactogène. Pour cela il est remis à la famille un tableau d’équivalence de dose entre les aliments contenant de l’œuf.
Enfin un nouveau TPO est programmé après 6 à 8 mois d’ITO. Ce TPO se fera avec de l’œuf dur et si possible jusqu’à la dose de 28 gr qui correspond à la moitié d’un œuf dur.
Des études récentes de la littérature ont montré une efficacité de ces protocoles avec au moins l’acquisition d’une désensibilisation.
Si l’ITO ne permet pas obligatoirement l`acquisition d’une tolérance à l’œuf, elle permet le plus souvent l’acquisition d’une désensibilisation à l’œuf, et par là même, une amélioration notable de la qualité de vie des patients.
Communication du Dr Anne Chabbert-Broué (Toulouse) et du Pr Benoît Wallaert (Lille)
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