Le lien entre ces deux entités est assez confus. Pour le Dr Michel Bouvier, « la Dermatite atopique (DA) provoquée par une allergie alimentaire touche l’enfant, essentiellement le nourrisson et elle est sévère ». Elle peut se déclencher au niveau du sevrage, ce qui est très évocateur, et au moment de la diversification alimentaire avec introduction d’un nouvel aliment. La DA sévère existe également chez l’adulte mais, selon M. Bouvier, « la cause alimentaire est ici exceptionnelle ». Soulignons qu’on entend par sévère une DA dont le Scorad (Scoring atopic dermatitis ou score de gravité de la dermatite atopique) est supérieur à 40.
LA DA sévère est une allergie alimentaire dans 10 % des cas chez le nourrisson. L’enquête allergologique doit être précise mais attention aux tests cutanés qui peuvent être trompeurs avec existence de faux positifs. Quant aux atopy patch test (APT), leur place, selon M. Bouvier est limitée, c’est le test d’éviction qui fait le diagnostic. Il consiste en l’éviction de 4 à 6 semaines de l’aliment suspecté, suivi d’ un test de provocation orale (en double aveugle contre placebo) en évaluant le Scorad avant et après le test de réintroduction. Le test est considéré comme positif lorsqu’il augmente de 15 points après la réintroduction. « En résumé, conclut M. Bouvier, les dermatites atopiques causées par une allergie alimentaire concernent essentiellement les formes sévères chez les nourrissons et les enfants en bas âge avec un Scorad› 40, ce qui représente environ 10 % des DA. Les principaux aliments concernés sont les protéines d’œuf, le lait de vache, le blé, le soja et l’arachide, plus rarement le poisson. L’élément clé est le test d’éviction ciblée avec réintroduction ».
La DA n’est pas une allergie alimentaire.
Le Dr Pauline Pralong ne partage pas cet avis. « Si, déclare-t-elle, on considère les différentes études sur le sujet, on constate de nombreuses erreurs sur le diagnostic de dermatite atopique et des biais dans le choix et l’interprétation des tests allergologiques. Association statistique ne veut pas dire lien pathogénique, souligne-t-elle. De ce fait la prescription d’un régime d’éviction paraît abusive et dangereuse, exposant le patient à des carences ». Les mécanismes en cause dans la DA sont multiples et il paraît réducteur de n’envisager qu’un facteur causal. En résumé, il n’existe pas d’argument solide dans la littérature pour considérer la dermatite atopique comme une allergie alimentaire.
Communication du Dr Michel Bouvier (CHU Lyon) et du Dr Pauline Pralong (CHU Grenoble)
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