L’anaphylaxie (a remplacé le terme choc anaphylactique) est une réaction d’hypersensibilité systémique sévère de survenue souvent rapide (quelques minutes à quelques heures) avec atteinte de la peau et des muqueuses et au moins une atteinte respiratoire, ou une diminution de la pression artérielle ou hypotonie, syncope ou des symptômes gastro-intestinaux sévères (douleurs abdominales, vomissements, diarrhées).
Elle peut aussi se manifester par une atteinte respiratoire et/ou cardiocirculatoire (bronchospasme, atteinte laryngée, hypotension) après exposition à un allergène très probable pour le patient, même en l’absence d’atteinte cutanée typique (prurit, urticaire, érythème labial, bouffées vasomotrices, œdème de Quincke).
Un diagnostic clinique avant tout
Le diagnostic de l’anaphylaxie est essentiellement clinique (avec toutefois dosage de la tryptase, surtout en cas de doute) et les symptômes varient en fonction de l’âge. Chez l’enfant de moins de 2 ans, l’atteinte est essentiellement cutanée (98 %), respiratoire (59 %) et gastro-intestinale (56 %). Chez les enfants âgés de plus de deux ans avec un asthme sous-jacent, les manifestations sont surtout respiratoires (77 %). En l’absence d’asthme, chez les enfants, les symptômes respiratoires surviennent dans la moitié des cas environ. Et, chez les adultes, les manifestations sont d’ordre cardiovasculaire. « Quant à reconnaître l’anaphylaxie du nourrisson, cela reste un défi. Parmi les principaux signes non spécifiques : la mauvaise tenue de la tête, les marbrures de la peau, les pleurs inconsolables, la voix rauque, le hoquet, la respiration abdominale, les oreilles qui grattent, l’irritabilité… », explique le Dr Pierrick Cros (CHRU de Brest).
Profils de gravité et facteurs de risque
La cinétique de l’évolution des manifestations cliniques dans l’anaphylaxie est imprévisible, et il n’est pas possible de prédire la gravité d’une réaction future en fonction des réactions antérieures. Compte tenu du risque de réaction grave, il est indispensable d’identifier les patients les plus à risque. Parmi les allergies alimentaires, l’allergie à l’arachide et aux fruits à coque semble la plus à risque de réaction létale. L’adolescence serait une période à risque (sous-utilisation du stylo d’adrénaline, alcool…). Des cofacteurs peuvent amplifier les réactions allergiques (bêtabloquants, IEC, AINS, stress, effort, fièvre, période prémenstruelle…). L’asthme est aussi connu comme un facteur de risque, mais il faut cependant tenir compte de son niveau de contrôle.
L’adrénaline n’est encore pas suffisamment utilisée
« L’adrénaline est le traitement de l’anaphylaxie. Si les auto-injecteurs d’adrénaline sont de plus en plus souvent prescrits, il n’en demeure pas moins qu’elle n’est pas suffisamment utilisée. Le taux moyen d’utilisation est de 27 % (étude de Grabenhenrich) et, pour la 2e dose, de 10 %. Son utilisation est insuffisante par tous : patients et personnels de santé », souligne le Dr Guillaume Pouessel (CHRU Lille).
La voie IM reste à privilégier en l’absence de données comparées à la voie sous-cutanée et, puisque le pic est de 5 à 10 minutes, il ne faut pas répéter l’injection avant ce délai. En France, quatre auto-injecteurs d’adrénaline (0,15, 0,30 ou 0,50 mg) sont disponibles. D’après les recommandations (SFA, EAACI, ACAAI), il faut prescrire 0,15 mg pour un poids corporel de 7,5 à 25 kg, 0,30 mg à partir de 25 kg et 0,30 ou 0,50 chez les adultes de plus de 60 kg.
Session organisée avec le groupe de travail Anaphylaxie : « Anaphylaxie : nouvelles définitions, nouvelles recommandations pour une harmonisation des pratiques »
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