POUR LES HYPERTENSIOLOGUES, la variabilité tensionnelle est un phénomène physiologique influencé par de nombreux facteurs intrinsèques et extrinsèques. La variabilité à court terme porte sur des fluctuations dont la périodicité est brève, de quelques secondes à quelques minutes. La variabilité à long terme décrit les variations tensionnelles sur 24 heures et plus, par exemple le rythme nycthéméral.
Pour P. M. Rothwell (département de neurologie, John Radcliffe Hospital, Oxford, Royaume-Uni), la variabilité tensionnelle peut également être appréciée d’une consultation clinique à l’autre (1). La « variabilité intervisite », ou variabilité, lors de consultations successives, est apparue corrélée avec le risque de récidive d’un accident vasculaire cérébral, indépendamment de la valeur de la pression artérielle moyenne.
Il convient peut-être de la rapprocher de l’indice de stabilité tensionnelle (smoothness index), qui traduit le rapport efficacité sur variabilité (2). Il est considéré comme prédictif des lésions au niveau des organes cibles chez les patients traités.
Le baroréflexe.
Enfin, en raison de sa capacité à moduler avec rapidité la pression artérielle et la fréquence cardiaque, le système nerveux autonome est un élément clé. Son activité peut être évaluée par la mesure de la variabilité de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque. Le baroréflexe est l’un des principaux mécanismes de contrôle à court terme de la pression artérielle qui, en faisant varier la fréquence cardiaque et les résistances systémiques, concourt à maintenir le niveau de la pression artérielle.
De nombreuses études ont fait appel à l’analyse spectrale pour étudier le système cardio-vasculaire (3). Ce type d’analyse, appliqué à la pression artérielle et la fréquence cardiaque, donne la possibilité d’étudier les fréquences spécifiques des oscillations de ces signaux, qui reflètent à la fois la survenue de perturbations physiologiques et la réponse dynamique des systèmes de contrôle cardio-vasculaire à ces perturbations.
Pour quantifier les oscillations responsables de la variabilité à court terme, des mesures continues, battement par battement, de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque sont nécessaires. Pour la fréquence cardiaque, l’électrocardiogramme permet l’estimation de la variabilité de l’intervalle RR. Pour la pression artérielle, il est possible de faire appel à des enregistrements non invasifs cycle par cycle, grâce aux systèmes de prise de pression artérielle au doigt.
D’après la conférence de Jean-Louis Elghozi, Paris.
(1) Lancet 2010;375(9718):895-905.
(2) J Hypertens suppl 2003; 21:S17-23.
(3) Thérapie 1994;50:261-6.
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