Soins intensifs de cardiologie : ce qui va changer

Publié le 05/07/2024
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Les décrets de 2022 sur l’activité de soins critiques vont renforcer les effectifs paramédicaux. Les unités de surveillance continue vont disparaître, pour être transformées le plus souvent en soins intensifs.

La nuit, infirmiers et aides-soignants ne seront plus seuls

La nuit, infirmiers et aides-soignants ne seront plus seuls
Crédit photo : BURGER/PHANIE

Que vont changer, pour les soins intensifs de cardiologie, les décrets d’avril 2022 sur l’activité des soins critiques ? « Pour l’instant, les modifications liées à ces décrets ne sont pas encore entrées en vigueur. Mais on sait d’ores et déjà ce qui va changer », explique le Pr Éric Bonnefoy (Lyon), qui a participé aux discussions ayant abouti à la rédaction de ces décrets au nom du Conseil national professionnel cardiovasculaire (CNPCV).

La révision du précédent décret, assez ancien, s’inscrit dans un chantier très large de réforme des autorisations et a plusieurs objectifs. « Il s’agit d’abord de remettre à jour les normes d’activité des soins critiques, le cadre des autorisations ainsi que les ratios des effectifs de personnels paramédicaux. Il y a aussi une volonté d’offrir aux agences régionales de santé (ARS) une meilleure visibilité et un contrôle de l’offre de soins critiques, souligne le Pr Bonnefoy. Les autorisations devront être redemandées ou renouvelées courant 2024. Chaque ARS est libre de fixer son calendrier. C’est en cours. Une fois les autorisations accordées, les établissements auront un délai pour se mettre en conformité avec leurs obligations réglementaires et notamment la mise à niveau des effectifs infirmiers. »

Les autorisations devront être redemandées ou renouvelées courant 2024

Les décrets vont avoir principalement deux effets sur les soins intensifs de cardiologie. « Le premier va concerner les effectifs de personnels paramédicaux. En prenant exemple d’une unité de soins intensifs en cardiologie (Usic) de huit lits, il y a aujourd’hui obligation d’avoir deux infirmières en journée, et une la nuit. Avec le décret, on va rester sur deux infirmières en journée mais passer sur deux aussi la nuit », détaille le Pr Bonnefoy. Même chose en ce qui concerne les aides-soignantes, qui vont passer d’une seule à deux la nuit pour une Usic de huit lits, tandis que le ratio de deux en journée reste inchangé. « Le décret s’impose aux établissements et va rendre plus rigide l’effectif paramédical des soins intensifs de cardiologie », souligne-t-il.

Le deuxième changement important porté par le décret concerne les unités de surveillance continue (USC). « En cardiologie, ces unités viennent prolonger l’activité des soins intensifs. Les USC cardiologiques sont relativement peu nombreuses », indique le Pr Bonnefoy. Ces unités de surveillance continue vont le plus souvent être transformées en lits de soins intensifs de cardiologie, avec l’augmentation importante de personnel paramédical correspondante. « Les établissements pourront toutefois choisir une autre option, et convertir leurs lits d’USC en lits d’hospitalisation », note le Pr Bonnefoy.

Des unités hétérogènes

Aujourd’hui, on recense environ 270 Usic. Ce grand nombre est, entre autres, lié à l’essor de la cardiologie interventionnelle. « Il a en effet été exigé que tous les centres de cardiologie interventionnelle aient des soins intensifs. On constate aujourd’hui que ces unités de soins intensifs sont hétérogènes, en termes de gravité des patients et de charge en soins. De fait, l’organisation de la permanence des soins est différente d’un site à un autre. Par exemple, certaines Usic de site non interventionnel n’ont pas de médecin sur place la nuit, mais une astreinte. Les sites qui ont de la cardiologie interventionnelle ont normalement toujours un cardiologue interventionnel d’astreinte et un médecin de garde dans leur Usic », explique le Pr Bonnefoy, en ajoutant que le décret s’est calé sur la situation minimale et ne va pas changer ces différentes situations.

Le décret précise aussi que le médecin coordonnateur de l’Usic doit être membre de son équipe médicale et justifier d’une formation ou d’une expérience en soins critiques. « Attester d’une formation peut être délicat pour des médecins coordonnant l’Usic sans y travailler régulièrement. Il existe un DIU Usic national piloté par le groupe Usic de la Société française de cardiologie, avec des cours en ligne », note le Pr Bonnefoy.

Enfin, et c’est un point important, le décret demande, sans donner de détails, l’adhésion des Usic à une filière territoriale de soins critiques cardiologiques, qu’il conviendra de mettre en place.

Entretien avec le Pr Éric Bonnefoy, chef du plateau Urgences et soins intensifs cardiologiques, hôpital Louis-Pradel à Lyon

Antoine Dalat

Source : Le Quotidien du Médecin