Différents travaux ont mis en évidence l’impact positif de la canagliflozine sur l’HbA1c, l’indice de masse corporelle, la pression artérielle et l’albuminurie, ce qui suggère que cet inhibiteur du SGLT2 pourrait conférer une protection rénale. C’est cette hypothèse qui a été évaluée dans une analyse post-hoc (1) d’un essai clinique de phase 3 ayant inclus 1 450 patients diabétiques de type 2 qui avaient été randomisés pour recevoir de la canagliflozine à la posologie de 100 ou 300 mg ou du glimepiride 6 ou 8 mg.
En se basant sur l’évolution du débit de filtration glomérulaire (DFG) et de l’albuminurie à deux ans, les chercheurs néerlandais et australiens ont montré que la canagliflozine ralentit la progression du déclin de la fonction rénale, de façon indépendante de l’effet sur l’HbA1c. « Un résultat qui suggère que la protection rénale conférée par la canagliflozine serait indépendante de ses effets sur la glycémie », a précisé le Dr Hiddo Heerspink.
L’impact rénal d’un autre inhibiteur du SGLT2, la dapagliflozine, fait également l’objet de recherches. Des données antérieures avaient souligné que la réduction de l’HbA1c induite par la molécule pourrait être moindre en cas de baisse du DFG, ce qui a conduit à évaluer plus amplement les effets éventuels de l’altération de la fonction rénale sur les bénéfices du traitement. L’analyse poolée de 11 essais cliniques de phase 3 (2) confirme que la réduction de l’HbA1c est un peu moindre chez les sujets ayant le DFG le plus bas à l’inclusion, mais que les bénéfices du traitement sur le poids et la pression artérielle systolique sont comparables quel que soit le DFG. De plus, la baisse de l’albuminurie a été plus marquée chez les patients dont le DFG était compris entre 45 et 60 ml/min/m2. La contraction du volume plasmatique, attestée par une augmentation de l’hématocrite, a été comparable quel que soit le DFG, malgré une baisse de l’excrétion urinaire de glucose chez les patients ayant la fonction rénale la plus altérée. Ainsi, les effets positifs rénaux de la dapagliflozine semblent en partie médiés par des mécanismes indépendants de la glycosurie, avec parmi les hypothèses, une diminution de l’activité de l'échangeur Na+/H+ (NHE3).
L'évolution des paramètres rénaux était l'un des objectifs préspécifiés dans l'étude EMPA-REG, dont les résultats présentés l'an dernier ont fait grand bruit en démontrant pour la première fois les bénéfices cardiovasculaires d'un antidiabétique oral. De nouvelles données (3) soulignent la baisse de la dégradation de la fonction rénale chez les diabétiques de type 2 à haut risque cardiovasculaire recevant ce traitement et confirment la sécurité d'emploi de la molécule chez les patients qui avaient une maladie rénale à l'inclusion. L'effet hémodynamique de l'empagliflozine, qui réduirait l'hyperpression glomérulaire, pourrait en grande partie expliquer ses effets positifs sur le rein.
D’après la communication de Hiddo Heerspin (Pays-Bas)
(1) Canagliflozin slows progression of renal function decline independent og glycaemic effects. CO 053
D’après la communication du Dr David Sjöström (Suède)
(2) Differential effects of dapagliflozin on cardiovascular risk factors at varying degrees of renal function CO 054.
D'après la communication du Dr Christoph Wanner (Allemagne)
(3) EMPA-REG outcome : one year later. Microvascular and renal outcomes : an update. S 44.3.
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