L’enquête FLAHS, réalisée par le Comité français de lutte contre l’hypertension artérielle depuis une dizaine d’années, donne une photographie de la prise en charge de l’hypertension artérielle (HTA) dans notre pays. « Contrairement aux années précédentes, l’enquête 2015 a ciblé les patients de plus de 55 ans, population où la proportion d’hypertendus est la plus forte », a rappelé le Pr Xavier Girerd.
Sur les 8 000 questionnaires adressés par voie postale, 6 379 ont été récupérés ; 2 814 patients ont déclaré être traités pour une HTA, dont 16 % avaient des données d’automesure tensionnelle interprétables (plus de 12 mesures sur les 18 du protocole durant 3 jours).
L’automesure progresse
L’un des premiers enseignements de cette enquête est justement la bonne diffusion de l’automesure tensionnelle : en 2015, 44 % des hypertendus possédaient un appareil, contre 41 % en 2012 et 36 % en 2010. Seul bémol : il s’agit majoritairement (59 %) d’appareils au poignet, alors que la mesure au bras est plus fiable et plus simple.
Autre enseignement, l’importance du respect du protocole de 18 mesures (3 mesures le matin, 3 le soir, 3 jours de suite). En effet, l’automesure comporte elle aussi un effet « blouse blanche » : 55 % des sujets sont considérés comme contrôlés (moyenne des PA ‹ 135/85 mmHg) lorsque les 18 mesures ont bien été effectuées contre 44 % si l’on se fonde seulement sur les trois premières mesures.
Le bon contrôle tensionnel est observé chez 58 % des sujets âgés de 55 à 64 ans, mais seulement de 49 % chez les plus de 80 ans, qui représentent 30 % de l’échantillon. Toutefois dans cette tranche d’âge se pose la question du seuil : en prenant un seuil de 145 mm Hg de PAS pour définir le bon contrôle et non de 135/85 mmHg, le taux de contrôle tensionnel s’accroît.
Parmi les facteurs influençant la qualité du contrôle tensionnel : le sexe (60 % chez les femmes, versus 51 chez les hommes), le poids (63 % pour un indice de masse corporelle (IMC) ‹ 25 kg/m2 versus 54 % pour un IMC› 30 kg/m2).
Bêtabloquants en tête
Les bêtabloquants sont la première classe prescrite (35 %) et sont en augmentation. Ceci peut paraître paradoxal au regard des recommandations, mais peut s’expliquer peut-être par la part importante de sujets en prévention secondaire dans une population vieillissante. La majorité des patients (46 %) reçoivent une monothérapie, ce qui, là encore, souligne le décalage entre les recommandations et la pratique.
Ainsi, au total en France en 2015, 55 % des hypertendus traités sont bien contrôlés, ce qui constitue un progrès par rapport à 2002 (38 %), mais reste en deçà des objectifs fixés à 70 % pour la fin 2015.
Article précédent
Le bon contrôle tensionnel protège en partie
Article suivant
25 % de mortalité à 3 mois
Un consensus d’experts
Une fiche technique
Un effet protecteur paradoxal
Distinguer urgence et poussée hypertensive
La place de la chirurgie rediscutée
Une analyse chez des sujets jeunes
Penser aussi à contrôler la pression artérielle
Le bon contrôle tensionnel protège en partie
Des progrès, mais peut mieux faire
25 % de mortalité à 3 mois
Un effet démontré sur la tension artérielle
Les mesures pour réduire le risque
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?