Médecin du sport et passionné de tennis, le Dr Guillaume Levavasseur est nouveau venu dans le staff médical de Roland-Garros. Il a confié ses impressions au Dr Jacques Parier, vieux routard de la compétition parisienne.
Dr JACQUES PARIER - Quel est ton parcours sportif ?
Dr GUILLAUME LEVAVASSEUR - Passionné de sport depuis l’enfance, j’ai joué au foot puis au tennis (classé seconde série). J’ai également pratiqué de la course à pied et le vélo. J’aime dans le sport l’incertitude tant que le match n’est pas terminé. C’est aussi un moyen de vivre des émotions fortes en les partageant.
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Quel est ton parcours médical ?
J’ai fait mes études à la faculté de médecine de Rouen. Très vite, je me suis orienté vers la médecine du sport avec la volonté de suivre des sportifs, des amateurs voire des professionnels.
Je suis médecin généraliste depuis 2002 avec un DESC de médecine du sport et un DIU de médecine manuelle/ostéopathie. Je travaille au Pôle Santé Sport de Rouen, un centre médical multidisciplinaire et à l’institut régional de médecine du sport. Mon activité est tournée vers la médecine du sport et l’ostéopathie.
J’ai suivi notamment pendant 5 ans l’équipe professionnelle de hockey sur glace de Rouen puis les équipes de France Jeunes de basket-ball avec des titres de champion d’Europe et de vice-champion du monde. Avec le Pr Jean François Duhamel, médecin fédéral national, je suis aussi les jeunes espoirs du tennis normand.
Comment as-tu été recruté à Roland-Garros ?
Je suis venu une dizaine de fois à Roland-Garros en tant que spectateur. En voyant les médecins intervenir au bord du court, je me disais que j’aimerais être un des leurs. J’ai postulé auprès du Dr Bernard Montalvan, responsable médical du tournoi, pour cet évènement. Il m’a contacté au mois d’avril pour savoir si j’étais disponible les quinze derniers jours de mai. Le temps de la réflexion n’a pas été très long ! J'ai accepté avec enthousiasme, conscient de participer à un événement sportif majeur.
Comment s’est passée la découverte du service médical et de l’organisation du tournoi, vus de l’intérieur ?
Mes jours de travail ont été répartis sur la semaine de qualification et la première semaine du tournoi avec la nécessité de rester le soir jusqu’à ce que les derniers joueurs et joueuses aient quitté le service médical et terminé les soins avec les kinésithérapeutes.
J’étais impatient de découvrir « ce Roland-Garros » de l’intérieur, que je connaissais uniquement comme spectateur. C’est l’effervescence dans les couloirs avec un nombre impressionnant de personnes travaillant pour l’organisation du tournoi. Chacun connaît son rôle, il n’y a pas de fausse note. J’ai été très bien accueilli par l’équipe médicale, disponible pour répondre à mes questions, ce qui est rassurant les premiers jours. Le Dr Guillard et toi-même m’avez également montré les itinéraires à prendre pour éviter la foule et les portes d’entrées des courts pour pouvoir faire les interventions pendant les matches.
Comment se déroule une intervention ?
Je suis posté dans le service médical sous le court Suzanne Lenglen où il y a 2 salles de consultations et une salle d’échographie. Nous avons chacun un talkie-walkie pour savoir quand un médecin est demandé sur un court et pour pouvoir communiquer entre nous si besoin.
En cas d’intervention, l’infirmière accueille le joueur, vient nous prévenir et le place dans une des salles de consultations. Ils peuvent être accompagnés s’ils le souhaitent de leur préparateur physique ou de leur coach, mais toujours d’un kinésithérapeute de l’organisation. L’entretien médical et la mise à jour des dossiers sont toujours en anglais. Il faut arriver lors de la consultation à instaurer un climat de confiance pour que les joueurs ressentent que l’on va tout faire pour leur donner rapidement un diagnostic précis.
La possibilité de réaliser une échographie dans la foulée de notre examen est un luxe indéniable. Nous accompagnons souvent le joueur pendant l’échographie ce qui permet de renseigner le médecin échographiste mais aussi de pouvoir corréler notre examen clinique avec les résultats de l’échographie. Si nous voulons un examen plus poussé, il est possible d’avoir une IRM dans la journée au même titre que pour la coupe du monde de football ou les Jeux olympiques.
Où s’arrête le rôle du médecin ?
Ce n’est pas à nous de décider si le joueur continue ou pas de jouer. Notre rôle consiste à lui donner le maximum d’informations, un diagnostic précis et les possibilités d’évolution ou d’aggravation. Ce sera son staff et lui qui prendront cette décision.
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