Le terme de fracture de fatigue (FF) est très largement utilisé, les Anglo-Saxons lui préfèrent le terme de fracture de stress. La caractéristique de l’os est de pouvoir en permanence à la fois se détruire et se reconstruire. On peut parler de remodelage. Ce phénomène se déroule normalement sur un mode équilibré. En cas de sollicitation importante, exagérée, l’os réagit en se raréfiant localement plus vite qu’il ne se reforme, fragilisé il peut alors se « fracturer ».
Les joueurs de tennis présentent des FF de localisations très variées. On a décrit des FF du bras, du poignet, du bassin, de la jambe… en un mot partout. Les FF des tennismen sont localisées principalement au niveau des avants pieds, notamment les 3é et 4é métatarsiens. Ils sont en effet très sollicités lors des courses, sauts, déplacements, contre-pieds.
D’autres os peuvent être touchés : sésamoïdes sous le gros orteil, os scaphoïde comme le relate lui-même Rafael Nadal, qui a d’ailleurs été opéré en 2018 alors qu’il souffrait depuis 2005. À l’époque une semelle et des chaussures sur mesure lui avaient permis de gérer cette blessure. John Isner, lors du tournoi de Miami 2019, semble avoir été victime d’une fracture de fatigue de son pied gauche. De façon moins fréquente, on peut également rencontrer des fractures de fatigue au niveau des mains et des côtes.
De 3 à 6 fractures de fatigue diagnostiquées chaque année
Au niveau du rachis, la lyse isthmique touche particulièrement les adolescents, nous en reparlerons.
Lors du tournoi de Roland-Garros c’est entre 3 et 6 fractures qui sont diagnostiquées chaque année sur 250 consultations de traumatologie. La clinique est stéréotypée avec une douleur localisée suite à un enchaînement d’efforts importants. L’IRM est toujours demandée pour confirmer le diagnostic suspecté. Parfois la décision est difficile à prendre. Peut-on laisser ce joueur faire son match avec une FF débutante du corps du 2é métatarsien spontanément peu douloureuse ?
Le traitement, dans la plupart des cas, reste médical. Le repos doit être respecté pour une durée variable, en moyenne 6 semaines. Pour certains cas tout à fait particuliers, par exemple des fractures de fatigue au niveau du dos, on peut être amené à mettre en place des corsets pour permettre une cicatrisation de meilleure qualité.
La chirurgie est indiquée dans certaines localisations (scaphoïde, apophyse uniforme de l’os crochu…), ou lorsqu’il existe l’absence de consolidation de la fracture malgré un repos suffisamment prolongé.
Après une FF, il faut toujours essayer de retrouver les éléments étiologiques : contrôle soigneux du matériel (chaussures, semelles, raquette…). On recherche des éléments morpho statiques potentiellement délétères : empreinte plantaire, inégalité de longueur des membres inférieurs, bascule du bassin… ; des éléments techniques : poussée lors du service, hyperlordose… La préparation et l’entretien physique jouent un rôle essentiel et il faut également que le joueur puisse adapter et aménager des périodes de repos.
Chez les jeunes femmes, il existe parfois des troubles de la minéralisation osseuse, en rapport avec des anomalies hormonales, puberté tardive, règles irrégulières. Un bilan précis doit être effectué, bilan diététique, dosage de la vitamine D, densitométrie éventuelle.
Article précédent
Dr Guillaume Levavasseur (staff médical de Roland-Garros) : « Il faut arriver à instaurer un climat de confiance avec les joueurs »
Article suivant
Service et smash : dangers sur la paroi abdominale !
Kinés à Roland-Garros, les quatre mousquetaires
Dr Guillaume Levavasseur (staff médical de Roland-Garros) : « Il faut arriver à instaurer un climat de confiance avec les joueurs »
Nadal, Isner… les tennismen victimes du stress de l’os
Service et smash : dangers sur la paroi abdominale !
Le service (médical) à Roland-Garros
L’échographie à Roland-Garros, un privilège à utiliser à bon escient
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?