Le sport de haut niveau véhicule l’image d’une nutrition saine. Or la prévalence des troubles du comportement alimentaire (TCA) y est plus forte que dans la population générale. En période de préparation intense, les conséquences peuvent être sévères.
Depuis 2007, on parle de la « triade de l'athlète féminine » quand une sportive de haut niveau combine trouble de l'alimentation, aménorrhée et baisse de la densité minérale osseuse. « Dans les disciplines d'endurance comme le demi-fond, on estime que 30 % des athlètes féminines sont concernées », estime le Dr Antoine Bruneau, médecin de l’équipe de France d’athlétisme. Les TCA ont une prévalence qui varie selon la discipline : les sports à catégorie de poids ou ayant une dimension esthétique comme le patinage artistique ou la gymnastique sont particulièrement concernés.
Dépister de tels troubles est une mission importante. Pour autant, les staffs médicaux ne contrôlent pas véritablement la prise alimentaire des athlètes. « Nous sommes dans la vraie vie, on ne contrôle rien du tout, sourit le Dr Antoine Bruneau. Si on arrive à suivre les recommandations du plan nutrition santé, on peut déjà considérer qu'on a bien fait notre travail. » Seuls impératifs : la phase d'hydratation, les apports en minéraux et la récupération après l'effort.
Pour le Dr Frédéric Maton, médecin du sport à Lille et responsable de la nutrition de l'équipe française d'aviron : « Il faut compenser les 4 000 à 6 000 kilocalories consommées par les rameurs à chaque course, tandis que la déshydratation est le premier facteur de blessure et de contre-performance ». Les médecins doivent aussi être prudents avec les compléments alimentaires, largement plébiscités par les athlètes mais qui ne font l’objet que d’une norme déclarative. En particulier, ils doivent s’assurer qu’ils ne contiennent pas de substances interdites par l’agence mondiale antidopage.
Le suivi nutritionnel des sportifs est en perpétuelle évolution. « Les grammages de protéines évoluent. Nous devons aussi accompagner l’émergence de nouvelles disciplines et d'athlètes vegan », résume le Dr Maton. Des outils de surveillance sont désormais utilisables en routine, dont l’appareil Dexa pour évaluer la composition corporelle et repérer un TCA.
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