Tous les nourrissons ou presque régurgitent. L’indication d’un traitement est fonction de l’abondance des régurgitations… et du seuil de tolérance des parents. L’épaississement du lait (par de la caroube ou de l’amidon) est la seule mesure diététique qui a fait la preuve de son efficacité. Elle est à prescrire en première intention. Le fractionnement des repas doit être réservé aux rares nourrissons ingérant des quantités trop importantes de lait à chaque repas. Aucune étude sérieuse n’a toutefois démontré l’efficacité de cette mesure. Le recours à un hydrolysat poussé de protéines du lait de vache ne doit être envisagé qu’en cas de régurgitations persistantes et invalidantes, évoquant une allergie aux protéines du lait de vache. Ce régime ne sera poursuivi que s’il a une efficacité patente.
Chez les nourrissons allaités les régurgitations persistantes pourraient traduire, selon certains auteurs, une allergie transmise via le lait maternel. L’exclusion du lait et des œufs de l’alimentation de la mère peut être préconisée.
Chez les nourrissons dont l’alimentation est diversifiée, les exclusions alimentaires (jus d’agrumes, tomates, chocolat) souvent mises en œuvre en cas de régurgitations n’ont pas d’intérêt démontré. Il en est de même de la réduction pondérale d’un nourrisson obèse, aucune étude n’ayant montré une plus grande fréquence des régurgitations ou du reflux gastro-œsophagien chez le nourrisson ou le jeune enfant en surcharge pondérale.
Colon irritable : des causes intriquées
Également dénommé colon irritable, la diarrhée chronique non spécifique du jeune enfant se caractérise par l’émission, exclusivement pendant les périodes d’éveil, de selles molles, voire liquides, contenant souvent des glaires et des débris alimentaires (plus de 3 selles par jour depuis plus de 4 semaines) chez un enfant en bonne santé par ailleurs. Ces diarrhées débutent entre 6 et 20 mois et s’amendent spontanément avant l’âge de 5 ans.
Après l’âge de 4 ans, la diarrhée fonctionnelle a les mêmes caractéristiques et s’intègre dans le cadre du syndrome de l’intestin irritable.
Les hypothèses physiopathologiques sur ces diarrhées fonctionnelles font état de l’intrication de troubles de la motricité intestinale, de déséquilibres alimentaires, d’une perturbation de la flore et de facteurs émotionnels. Dans le colon irritable les auteurs ont souligné le rôle d’une alimentation trop riche en protéines, en hydrates de carbone à chaîne courte, en boissons sucrées et pauvre en graisses. Ces déséquilibres ont été retrouvés dans plus de 80 % des cas. Leur correction permet une amélioration chez la grande majorité des patients. La relation entre colon irritable et allergie alimentaire vraie reste très discutée. À noter que dans les rares cas où ces diarrhées s’accompagnent d’un retard pondéral, celui-ci est lié à des régimes d’exclusion intempestifs.
Dans la diarrhée fonctionnelle de l’enfant plus grand, le rôle des hydrates de carbone à chaîne courte, (fermentable oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides and polyols : FODMAP), présents dans les céréales et également dans certains fruits et légumes, ainsi que celui du gluten reste à préciser.
Constipation fonctionnelle : les mesures diététiques remises en cause
Dans la constipation fonctionnelle, qui dans 17 à 40 % des cas débute avant l’âge d’un an, la prise en charge recommandée repose sur l’utilisation en première ligne de laxatifs osmotiques type polyéthylène glycol (PEG) avec ou sans électrolytes. L’intérêt des mesures diététiques, qui ont eu longtemps une place de premier plan, a été largement revu à la baisse dans les dernières recommandations de l’European Society Pediatric for Gastroenterology, Hepatology and Nutrition (ESPGHAN) et de la North American Society for Pediatric Gastroenterology, Hepatology and Nutrition (NASPGHAN) (1). Tant la supplémentation en fibres que l’augmentation de la quantité journalière des eaux de boisson ou la supplémentation en probiotiques et en prébiotiques dans l’alimentation, aucune de ces mesures n’a fait la preuve de son efficacité. Enfin les experts soulignent le lien possible entre la constipation et l’allergie aux protéines du lait de vache et recommandent un essai d’éviction des protéines du lait de vache durant 2 à 4 semaines en cas de constipation persistante après trois semaines de traitement par PEG.
En dehors de cette situation, l’enfant constipé doit recevoir une alimentation normale et équilibrée.
(1) Tabbers MM et al. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2014;58:258-74
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