2 700 enfants sont décédés en France en 2021, soit 3,7 décès pour 1 000 naissances, et ce chiffre ne fait qu’augmenter depuis 2012, tandis que l’écart se creuse par rapport à la moyenne européenne. « Deux tiers de ces décès surviennent dans la période néonatale », souligne le Pr Jean-Christophe Rozé (service de néonatologie et réanimation pédiatrique CHU de Nantes). Il y aurait 800 décès surnuméraires dans notre pays par rapport à une mortalité néonatale du niveau de la Suède ou de la Finlande. « On alerte le ministère de la Santé depuis 2019 mais nous n’avons toujours pas eu de réponse. Il faut restructurer de toute urgence l’offre de soins en néonatologie-réanimation », estime le spécialiste. Cet excès de mortalité s’accompagne aussi d’une augmentation de la morbidité, pouvant entraîner parfois un handicap à vie.
Petites structures inadaptées
Une récente enquête sur la qualité de vie au travail des pédiatres néonatalogistes montre bien que leur situation n’est plus acceptable : aujourd’hui, 80 % travaillent plus de 50 heures hebdomadaires, 47 % font cinq gardes ou plus par mois. Une crise démographique sans précédent touche toutes les professions de la périnatalité. « En maternité, les jeunes veulent travailler dans la sécurité et le respect de la vie familiale, en effectuant les 48 heures légales et un nombre de gardes inférieur à cinq par mois, soit des équipes de sept. Cela passe nécessairement par une réduction du nombre de petites maternités », explique le Pr Rozé.
La situation de la réanimation est identique. 3 % des nouveau-nés ayant besoin de soins critiques, il faudrait au minimum un lit de réanimation néonatale pour mille naissances sur l’ensemble du territoire. « Le nombre de lits de réanimation devrait être proportionnel au nombre de naissances par région », martèle le Pr Rozé. Mais cette répartition est très hétérogène en France ; dans certaines régions, il y a 0,6 lit de réanimation pour mille naissances. « C’est bien en dessous de la Chine, qui en compte 1,7. Cela interpelle ! », note le spécialiste.
Humanités en pédiatrie
Autre sujet d’actualité toujours très présent aux Journées parisiennes de pédiatrie, « la vaccinologie, avec de nombreuses nouveautés cette année, à commencer par la prévention par immunisation des bronchiolites à VRS chez les nouveau-nés et les nourrissons par le nirsévimab, explique la Pr Agnès Linglart (hôpital Bicêtre, AP-HP, Paris-Saclay), coprésidente du comité scientifique. À noter aussi, des tables rondes sur les encéphalites et les cancers de l’enfant, où sont abordés les nouveaux traitements ainsi qu’une mise au point sur la thérapie génique, ainsi qu’un nouveau format de ‘cas pratiques’, en pédopsychiatrie, en infectiologie ou encore en traumatologie ». Des mises au point sont aussi dédiées à la nutrition, aux maladies infectieuses, à la pédopsychiatrie, la médecine des adolescents, la médecine d’urgence, le développement du nouveau-né et de l’enfant, avec une conférence plénière sur la place des « humanités » en pédiatrie.
Cette année, pour la première fois, les JPP ont aussi ouvert un appel à communications. « C’est un succès, nous avons reçu près de 80 communications de la part de jeunes pédiatres, sur des thématiques très variées, et tous ces travaux sont exposés sous forme de posters. Le meilleur sera récompensé et recevra un prix », explique la Pr Linglart.
Entretiens avec les Prs Jean-Christophe Rozé (Nantes) et Agnès Linglart (AP-HP)
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