Dans le but de réduire le risque de développement des allergies alimentaires, dont l’incidence est en augmentation chez l’enfant, il est aujourd’hui préconisé d’introduire précocement les allergènes alimentaires lors de la diversification. « Le concept est de favoriser le premier contact avec les allergènes par voie orale, qui contrairement aux voies cutanées et respiratoires, est tolérogène », rappelle la Dr Amandine Divaret-Chauveau, pédiatre-allergologue au CHRU de Nancy.
En France, les aliments qui sont le plus souvent en cause dans les allergies de l’enfant sont le lait, le blé, l’œuf, la noisette, fréquents chez le petit enfant, mais à évolution le plus souvent favorable. Les allergies au poisson et en particulier à l’arachide, la noix de cajou et la noisette, sont plus sévères et persistantes.
À quel âge et quelles quantités ?
Dès l’âge de quatre mois, il faut diversifier l’alimentation le plus possible, en introduisant tous les types d’aliments, y compris les légumineuses. Un point fondamental est qu’il ne faut introduire de façon précoce que les allergènes qui font partie des habitudes de consommation au sein de la famille. En effet, introduire tôt un allergène qui ensuite ne serait plus du tout consommé pourrait exposer à un risque accru d’allergie.
Les quantités aujourd’hui conseillées, sur la base des données des études menées chez des enfants à risque allergique élevé, sont d’au moins deux grammes de protéines par semaine pour chaque aliment. Des quantités qui doivent être bien respectées chez les nourrissons à risque allergique élevé. Ceci correspond à un œuf par semaine réparti en deux ou trois prises, une cuillère à café de beurre de cacahuètes trois fois par semaine, une quantité équivalente de purée de noisettes et de purée de noix de cajou, et de cinq à dix grammes de poisson deux à trois fois par semaine. Ces allergènes en purée, qui se mélangent bien avec les purées de légumes ou les compotes, sont plus faciles à manier que les poudres. « Ces doses paraissent suffisantes pour être protectrices », indique la Dr Divaret-Chauveau, avant de souligner qu’il faut bien vérifier le respect de ces quantités de protéines si l’on se tourne vers les préparations multi-allergènes proposées dans le commerce.
Faut-il un bilan préalable chez les nourrissons à risque atopique ?
L’attitude varie d’un pays à un autre. En France, on estime que chez les enfants sans risque atopique particulier, l’introduction de ces allergènes peut être faite librement à partir de l’âge de quatre mois.
Chez le nourrisson à faible risque (atopie parentale ou dans la fratrie) on insiste sur l’introduction précoce des allergènes, dès l’âge de quatre mois, aux quantités préconisées (deux grammes de chaque protéine par semaine).
Chez le nourrisson à risque allergique élevé (eczéma important, au moins une allergie alimentaire déjà présente ou deux parents poly-allergiques), il est conseillé de faire un bilan allergologique à l’âge de quatre mois avant la diversification, idéalement des prick-tests cutanés, sinon un dosage des IgE spécifiques. En cas de positivité des IgE, un avis allergologique est conseillé. « De plus en plus, des filières se développent afin de permettre de voir sans attendre un allergologue qui, au terme du bilan, décidera de la possibilité ou non d’une introduction à domicile, supervisée ou non », conclut la Dr Amandine Divaret-Chauveau.
D'après un entretien avec le Dr Amandine Divaret-Chauveau, pédiatre allergologue au CHRU de Nancy.
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