« L'environnement joue un rôle en matière de santé dès la vie utérine. Les femmes enceintes exposées à la pollution de façon régulière, dans le cadre de leur profession notamment, ont davantage de risque de donner naissance à des enfants vulnérables d'un point de vue respiratoire et présentant, par exemple, un asthme dans les premières années de vie », souligne le Pr Bruno Housset, président de la Fondation du souffle. En France, chaque année, 48 000 décès sont liés à la pollution atmosphérique. Ces décès sont prématurés (par rapport à une situation où il n'y aurait pas de pollution) et touchent, plus particulièrement, les patients atteints de maladies respiratoires et les sujets âgés.
Les nanoparticules pointées du doigt
En France, les sources de polluants primaires sont les transports routiers, l’agriculture et les secteurs industriels et résidentiels. Il s'agit essentiellement d'une pollution liée aux particules fines. « Une étude menée à Londres – et parue récemment dans le Lancet (1) – a comparé l'état cardiovasculaire d'adultes sains de plus de 65 ans marchant deux heures, soit à Oxford Street (quartier particulièrement pollué), soit à Hyde Park (quartier peu pollué de la ville) », note le Pr Housset. Cette expérience avait pour objectif de les exposer à une pollution de fond (diesel, notamment) qui est probablement la plus toxique sur le long terme. « Elle a montré que deux heures de marche dans un quartier très pollué suffisent pour modifier l'état cardiovasculaire chez un sujet sain. Il faut donc continuer à se battre pour réduire l’utilisation du diesel et plus généralement des moteurs thermiques afin que les personnes vivant près d'un axe de circulation soient mieux protégées. À l'avenir, d'autres études permettront de démontrer les mécanismes de l'exposition répétée à la pollution particulaire dans la survenue de pathologies cardiovasculaires et respiratoires », indique le Pr Housset.
Plus les particules polluantes de l'air sont petites, plus elles sont toxiques, capables de pénétrer profondément dans l'appareil respiratoire et de rester longtemps dans l'organisme. Pour le vérifier, une étude a consisté à exposer des hommes sains à des nanoparticules d'or – non toxiques et détectables (2). Pour cela, les chercheurs leur ont fait inhaler des nanoparticules pendant deux heures. « L'étude a montré que les nanoparticules d'or se retrouvaient dans les urines de ces sujets 15 minutes après l’inhalation et jusqu'à trois mois après. Cela montre bien, d’une part, le passage au niveau systémique des nanoparticules inhalées probablement par voie nasale, et, d’autre part, leur persistance prolongée. Cela pourrait contribuer à expliquer les manifestations cardiovasculaires en rapport avec la pollution (diesel, par exemple) », ajoute le Pr Housset.
Un observatoire mondial pour la qualité de l'air
La pollution n'est pas réservée aux grandes villes ; les milieux ruraux sont également concernés par ce fléau. Récemment, les cités mondiales se sont néanmoins organisées en consortium pour partager leurs expériences et trouver des solutions innovantes concernant la réduction de la pollution. Ce projet d'observatoire mondial de la qualité de l'air urbain (baptisé GUAPO), a été initié par Mr Patrick Ollier et Mme Anne Hidalgo (3). La Fondation du souffle est également impliquée dans ce projet porteur d'espoir, au niveau mondial, pour les années à venir.
Entretien avec le Pr Bruno Housset, président de la Fondation du souffle (Créteil)
(1) Sinharay R et al. The Lancet 2017 in press
(2) Miller RM et al. ACS Nano 2017;11:4542-52
(3) GUAPO : https://www.paris.fr/actualites/naissance-du-guapo-observatoire-mondial…
Article précédent
26 000 patients en vie réelle
Article suivant
Éviter les erreurs diagnostiques des allergies
BPCO, une urgence de santé publique
Mieux cerner l’asthme sévère
Le premier examen de l’apnée du sommeil
L’air intérieur est concerné aussi
La BPCO, une maladie de l’enfance ?
26 000 patients en vie réelle
Tous concernés par la pollution
Éviter les erreurs diagnostiques des allergies
Reconnaître le poumon du toxicomane
L’entraînement en altitude est possible !
Les espoirs ouverts par l’immunothérapie
Des médicaments qui font tousser
Le désencombrement au cas par cas
Le meilleur et le pire des objets connectés
Pharmaciens, encore un effort !
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?