Avec 36 millions d’appels et 13 millions de dossiers par an, le SAMU-Centre 15 est le premier acteur de télémédecine en France, un rôle qui ne pourra que prendre de l’ampleur avec l’essor des nouvelles technologies.
La majorité des SAMU-Centre 15 sont des plateformes de haute technicité, avec des outils de téléphonie intelligents permettant une gestion dynamique et de plus en plus sécurisés des appels. Les connexions interservices existent ou se mettent en place entre les SAMU, afin de partager l’information au quotidien et de permettre une entraide. Ces connexions se font aussi avec les partenaires des SAMU, plateformes de régulation médicale libérale, SOS médecins, associations de transporteurs sanitaires urgents et, en amont, les centres de traitement de l’alerte des sapeurs-pompiers. Ils réalisent de véritables plateformes virtuelles 15-18 avec les Centres de traitement de l’alerte/Centres opérationnel départemental d’incendie et de secours (CTA-CODIS). Ces interconnexions sont organisées dans chaque département, parfois même à un niveau régional.
« Nous avons aujourd’hui accès au dossier médical partagé (DMP) et aux dossiers d’hospitalisation des patients, ce qui permet de mieux répondre à la demande de soins des patients et de les orienter dans la filière la plus adaptée », explique le Dr Joël Jenvrin, responsable médical du Samu 44. « La plateforme de régulation médicale est également connectée aux référentiels de bases de données médicales comme le guide de régulation médicale, les bases médicamenteuses Vidal ou de toxicologie. Nous avons aussi accès en temps réel au Répertoire Opérationnel des Ressources (ROR) pour les régions qui en sont dotées ».
Toutes ces innovations technologiques ont pour objectif de personnaliser la réponse médicale au patient qui peut être très variée : simple conseil médical, prescription médicamenteuse par téléphone, envoi d’une ordonnance au pharmacien sur sa messagerie sécurisée, mobilisation d’effecteurs pour prendre en charge sur place les personnes. Actuellement de plus en plus de moyens ou d’effecteurs, médecins, ambulances, sapeurs-pompiers, SMUR, etc. sont géolocalisés et géolocalisables. Dès l’appel, l’adresse des patients est également géolocalisée par l’ambulance, permettant de connaître immédiatement le délai d’intervention.
Certains effecteurs sont connectés avec le SAMU-Centre 15 dans leurs véhicules. Ils disposent d’un dossier secouriste informatisé par l’intermédiaire de tablettes connectées, directement reliées aux appareils de mesure de la pression artérielle (PA), de la saturation pulsée en O2, de la fréquence cardiaque. Il est ainsi possible d’envoyer dans le système d’information de la régulation médicale les paramètres vitaux à l’issue du bilan secouriste.
Vers la visiorégulation médicale
À partir de tablettes embarquées ou de lunettes connectées dont disposent certains ambulanciers et SMUR, il est possible pour l’équipe de régulation médicale du SAMU d’avoir un accès visuel direct au patient. Ce qui apporte à la fois une aide à la décision, et offre des possibilités de téléassistance (par exemple pour la mise en place d’une attelle) et/ou de télé-expertise (examen de blessures ou de lésions cutanées par exemple). « Cette visiorégulation médicale n'a du sens que si elle apporte une plus-value à la régulation médicale téléphonique et est susceptible d'améliorer la réponse médicale ou l'orientation du patient », avertit l’urgentiste.
La démocratisation du téléphone mobile a changé la donne, et grâce aux smartphones on peut penser que nombre de flux vidéos viendront des patients ou de leur entourage, et il faut aujourd’hui se préparer à recevoir ces vidéos à plus ou moins long terme (lire l'encadré).
D’après un entretien avec le Dr Joël Jenvrin, responsable médical du Samu 44
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